"Parent 1-parent 2" à l'école : "Nos enfants souffraient de cette absurdité"

Publié le Jeudi 14 Février 2019
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
L'Assemblée Nationale française
L'Assemblée Nationale française
Proposé et voté mercredi 13 février à l'Assemblée nationale en première lecture de la nouvelle loi sur l'école du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, un amendement remplacera "père/mère" pour "parent 1/parent 2" dans les formulaires d'écoles.
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Ce mercredi 13 février se tenait la première lecture de la loi sur "L'école de la confiance" du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer à l'Assemblée nationale. Contre l'avis du ministre, la députée LREM du Nord Valérie Petit, a fait passer un amendement qui vise à une meilleure représentation des familles homoparentales à l'école.

Cet amendement veut supprimer les mots "père et mère" des formulaires à l'école pour les remplacer par "parent 1 et parent 2". Valérie Petit, qui a imaginé cette proposition après des retours de terrain dans sa circonscription, y voit une mesure d'égalité sociale.

Il n'en a pas fallu moins pour lever une bronca de protestation de la part d'élu·es du Rassemblement National ou des Républicains. Marine Le Pen s'est fendue sur Twitter d'un tonitruant : "Le masque est tombé!"

Jordan Bardella, tête de liste RN pour les élections européennes a lui déclaré : "Quand on en arrive au conditionnement idéologique des enfants, le totalitarisme n'est plus très loin !"

Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes a réagi sur Twitter : "Lors de l'examen de la loi Taubira, on nous jurait que c'était un fantasme, que ça n'arriverait jamais... La négation des genres déconstruit l'équilibre de notre société."

"Cette proposition part d'un bon sentiment mais reste très maladroite"

Nicolas Faget, porte-parole de l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), répond à ce sujet : "Les opposants, comme d'habitude, réagissent avec violence et insultes alors qu'on ne leur enlève rien."

Il rappelle d'ailleurs que cet amendement n'est pas une première : "Depuis plusieurs années, nos adhérent·es obtiennent la modification des formulaires. Ce fut le cas à la mairie de Montpellier dès 2011."

Les parents de familles homoparentales font aussi avec les moyens du bord : "Depuis plusieurs années également, elles barrent les formulaires pour contourner l'absurdité d'inscrire le nom d'une mère dans une case 'Père' et inversement."

Pour le porte-parole de l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens, la votation de l'amendement "Parent 1 Parent 2" est une reconnaissance : "Nos enfants souffraient de cette absurdité, de cette absence de reconnaissance de leur famille [...] L'amendement de Mme Petit est un pas de plus vers la reconnaissance de toutes les familles."

Du côté de l'Association des Familles homoparentales (ADFH), "l'égalité des droits, ce n'est pas de remettre en cause ou rayer l'existant, mais d'y inclure la diversité familiale telle que nous la connaissons depuis 2013, date où le mariage et l'adoption ont été ouverts aux couples de même sexe", explique son porte-parole Alexandre Urwicz.

Pour cette raison, l'ADFH est "plutôt favorable à maintenir les mentions père et mère pour chaque parent. Charge au parent de cocher la case qui correspond à sa situation [cf visuel ci-dessous]. Ainsi, tout le monde peut s'y retrouver, sans polémique."

La proposition de l'ADFH
La proposition de l'ADFH

Si l'amendement de Valérie Petit permet une meilleure visibilité et représentation des familles homoparentales, Alexandre Urwicz précise : "Cette proposition part d'un bon sentiment mais reste très maladroite. On nous reproche maintenant d'être les méchants qui voudraient supprimer les mentions de pères ou de mères alors qu'au contraire, nous plaidons pour conserver ces mentions tout en permettant de refléter nos configurations."

Le réveil des opposant·es aux familles homoparentales

Alors que la loi sur la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes, sans cesse repoussée, sera, selon le gouvernement, discutée en mai ou en juin, les militant·es de la Manif pour Tous sont déjà mobilisé·es. La présidente du collectif, Ludovine de la Rochère, considère d'ailleurs que cette proposition de Valérie Petit est une "absurdité".

Mais selon Alexandre Urwicz, "la Manif pour Tous se dégonfle progressivement depuis 2013. Comme dans chaque pays qui a ouvert le mariage et l'adoption aux couples de même sexe, les mariages de personnes de même sexe n'ont jamais provoqué d'apocalypse anthropologique ou induit quelconque déclin de notre société ! Tout cela relevait du fantasme. Cependant, nous restons vigilants car nous constatons une résurgence des actes homophobes avec une ouverture de la PMA à toutes les femmes qui tarde."

Sur ce sujet, l'ADFH par la voix de son porte-parole espère "que la PMA ouverte à toutes les femmes et la réforme de la filiation telle que proposée dans le rapport Touraine de la Mission de révision des lois de bioéthique de l'Assemblée Nationale entreront en vigueur le plus vite possible afin de couper court à la libération d'une parole homophobe qui peut tristement se traduire en actes."