Ariana Grande en a assez du terme "diva" (et elle a raison)

Publié le Mardi 19 Mai 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Ariana Grande, le coup de gueule de la queen de la pop.
Ariana Grande, le coup de gueule de la queen de la pop.
"Cela n'a aucun sens !". Tabloids et presse people ne brillent pas par leur originalité et encore moins leur féminisme. Surtout quand il s'agit d'évoquer l'attitude des popstars. Ariana Grande peut en témoigner : on l'a bien souvent qualifiée de "diva". Trop souvent.
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Quand la fatigue lui vient, elle exigerait d'être portée par son entourage. Soucieuse de son image médiatique, elle aurait fait la demande de n'être photographiée que sous un certain angle - afin qu'une seule moitié de son visage soit flashée et pas l'autre. Des rumeurs à propos d'Ariana Grande, il y en a des tas, aussi bien relayées sur les réseaux sociaux que par les grands médias. Et au micro de Zane Lowe, l'espace d'une interview diffusée sur les ondes d'Apple Music, la popstar l'avoue : elle en a franchement marre.

Surtout, l'interprète de "Thank u, next", profite de cette entrevue pour épingler ce qu'elle considère comme un "standard sexiste" : la dénomination de "diva", si courante depuis des décennies pour désigner les plus grandes stars féminines de l'industrie du spectacle - leur attitude, leur art, leur personnalité, leur "excentricité" volontiers fustigée. Et c'est cette mention qui aurait même incité la chanteuse à "arrêter de faire des interviews durant très longtemps", dixit la principale concernée.

"J'ai arrêté de faire des interviews pendant longtemps, car j'avais l'impression que dès que je me retrouvais dans une position où quelqu'un transformait mes mots et que je me défendais, les gens disaient 'Oh c'est une diva'. Et ça n'a aucun sens. Quand j'avais un avis artistique, que je réalisais quelque chose, ou si j'avais quelque chose à dire à propos d'un choix qui avait été fait pour ma carrière, il y avait toujours quelqu'un qui finissait toujours par rendre ça négatif, alors que ça n'arrive pas aux hommes."

Pour la chanteuse américaine, le double standard n'a que trop duré : "Les hommes peuvent partager leurs opinions ou se défendre ou faire des remarques, et on les qualifie de 'brillants', de 'génies'... Ca n'est pas la même chose avec les femmes et j'espère que ça changera.(...) Ça te donne parfois envie de ne rien dire. J'en ai marre de voir les femmes se taire à cause de ça."

Stop aux divas !

Bien sûr, les indénombrables rumeurs qui courent sur sa soit-disant exubérance et son "comportement difficile" la font "rire à haute voix", explique-t-elle encore. Mais cela ne l'empêche pas de s'indigner sur un terme sexiste qui n'a que trop fait son temps. Il y a trois ans de cela, elle expliquait déjà dans les pages du magazine de mode Cosmopolitan que "les femmes sont trop souvent étiquetées soit comme une 'chienne' soit comme une diva".

Comme si les chanteuses, lorsqu'elles rencontrent un succès international, n'ont guère d'autres choix que de subir le "slut shaming" ou le "diva shaming" de la part des médias et des internautes. Autant opter entre la peste et le choléra. Pour le média Refinery 29, de telles désignations sont traditionnellement employées à l'encontre des femmes qui osent "essayer de prendre le contrôle de leur propre histoire". Bref, les personnalités qui portent sur elles un certain pouvoir, une influence et surtout, une indépendance qui ne plaît pas à tout le monde...

Et cette indépendance, Ariana Grande n'a jamais cessé de la clamer à qui voulait l'entendre, haut et fort. En 2015, elle l'affirmait déjà l'espace d'une publication sur-likée adressée à son audience : "J'en ai marre de vivre dans un monde où les femmes ne sont vues que comme la propriété passée, présente ou future d'un homme. Je n'appartiens à personne d'autre qu'à moi, et c'est pareil pour vous !". Un tacle salutaire comme il faut.