






"Ce sera un procès très différent"
C'est ainsi que le magazine Variety présente un événement judiciaire qui fera très grand bruit et pourrait compter dans l'histoire de la révolution #MeToo : le futur procès de Harvey Weinstein. Oui, un nouveau procès, pour l'ex mogul de l'industrie hollywoodienne. A la tête de feu Miramax, maison de production parmi les plus influentes des années 90, Harvey Weinstein a été condamné en mars 2020 à 23 ans de réclusion criminelle pour viol et agression sexuelle.
Et le voilà de nouveau devant la justice le 22 avril prochain, dans le cadre d'un procès retentissant qui pourrait durer de quatre à cinq semaines et engendrer quantité de déclarations fracassantes : mais pour quels motifs précisément Weinstein est-il appellé à se défendre à la barre ?
On vous détaille ce retour au tribunal.
Cela fait 5 ans que Weinstein est incarcéré.
Et c'est la troisième fois qu'il sera jugé. A travers ce que Variety envisage carrément comme "le dernier référendum en date sur le mouvement #MeToo, né de sa disgrâce il y a près de huit ans". L'ex homme d'affaires intouchable va cette fois ci devoir faire face aux accusations et témoignages de trois femmes et victimes présumées. Lors de son premier procès, elles étaient six à s'exprimer face à la cour.
Trois plaignantes, parmi lesquelles Miriam Haley et Jessica Mann, accusant Weinstein de violences sexuelles - notamment, dans une chambre d'hôtel, cadre relatif à un "rituel" ou "modus operandi" qui avait été pointé du doigt lors des premières enquêtes.
Mais par-delà ces voix, on observe également un changement de juge notable. C'est Curtis Farber et non plus James Burke qui assurera désormais ce rôle. Et la défense de Weinstein espère un regard plus "objectif", selon leurs propres termes.
L'homme de 73 ans semble en tout cas optimiste.
Ce qui pourrait changer par rapport à 2020 ? Le verdict prononcé au tribunal. C'est en tout cas ce qu'espère son avocate Jennifer Bonjean, qui l'énonce : il y a désormais des chances "d’obtenir un acquittement". Les raisons ? La revue influente du monde du divertissement le suggère : "un nouveau juge et un climat politique différent".
Comme le détaillait sur Terrafemina la journaliste Rose Lamy, à qui l'on doit le compte féministe Préparez vous pour la bagarre, le mouvement #MeToo a connu ces dernières années de nombreux "retours de bâton", au gré des affaires : victim blaming, diffamation à l'encontre des plaignantes, stéréotype de la "mauvaise victime", culture du viol banalisé, emploi d'un jargon familier (à travers la notion de "chasse aux sorcières" et de "tribunal médiatique").
Et la présidence Trump, englobant un certain nombre de nominations au gré des diverses strates du système, favoriserait un éventuel revirement, au diapason d'une époque de plus en plus bouleversée par l'essor de l'idéologie masculiniste, qui prône une haine des femmes et une remise en question perpétuelle de leur parole.
La défense de Weinstein, en tout cas, l'assure désormais, à l'aube de ce procès : "L’esprit de foule qui était si prononcé lors de son premier procès, je pense, s’est estompé… Il aura le procès qu’il aurait dû avoir depuis le début !"
Une conviction de facade ? Réponse dans quelques semaines.