Non, le Covid-19 ne touche pas que les "vieux" (et il est important de le rappeler)

Publié le Lundi 30 Mars 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Si, le coronavirus touche aussi les jeunes.
Si, le coronavirus touche aussi les jeunes.
Après l'annonce de décès aussi inattendus que tragiques, il semble nécessaire de le rappeler : le coronavirus ne met pas seulement en danger la santé des personnes âgées. Les risques qu'il implique concernent toutes les tranches d'âge.
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"Elle avait juste une toux". C'est ce qu'explique Sabine, mère de famille, en évoquant le décès de sa fille Julie. Julie est morte le 25 mars des suites d'une déficience respiratoire causée par le coronavirus. Elle n'avait que seize ans. Manon, sa soeur aînée, s'en désole : "depuis le début, on nous dit que le virus ne touche pas les jeunes. On l'a cru, comme tout le monde". Une tragédie qui a frappé les esprits. Et qui ne manquera certainement pas de sensibiliser l'opinion publique.

Oui, comme l'explique Le Parisien, la grande majorité des victimes du Covid-19 en France ont plus de 75 ans. 78,3 %, plus précisément. Et seul 1 % des décès impliquerait des personnes âgées de 18 à 44 ans. Mais ce pourcentage a beau être infime, il existe bel et bien. Et nous rappelle que le coronavirus concerne tout le monde.

Par-delà le décès de Julie, l'annonce tout aussi dramatique de la mort d'un adolescent de moins de dix-huit ans à Los Angeles le 25 mars dernier a elle aussi bousculé bien des conforts de pensée. "Les jeunes, cela peut vous toucher aussi", a prévenu lors d'une conférence de presse Eric Garcetti, le maire de Los Angeles. Avant de poursuivre : "Sachez que votre comportement peut sauver ou coûter une vie et que cette vie peut être la vôtre". De la France aux Etats-Unis, plus question pour les adolescents ou "teenagers" de mettre leur insouciance ou leur sentiment d'invulnérabilité par-delà le respect strict des mesures sanitaires et des gestes-barrières.

"On est un peu dans l'inconnu"

"Je pense que le message portant sur qui le Covid-19 peut infecter et chez qui il peut provoquer une infection grave a été dénaturé. Si vous êtes un jeune adulte en bonne santé, vous avez l'obligation sociale et morale d'agir de façon responsable et de pratiquer la distanciation sociale. Au minimum, vous interromprez ou éviterez une chaîne de transmission", développe à ce titre Alan McNally, directeur de l'Institut de microbiologie de l'université de Birmingham au Royaume-Uni. Comprendre, qui dit "majorité" de personnes âgées touchées par le coronavirus ne dit pas "totalité" et les ados ou jeunes adultes qui eux aussi doivent se "responsabiliser".

Rappelons d'ailleurs, comme l'indique Ouest France, que parmi les 14 000 cas de patients atteints du coronavirus comptabilisés le 20 mars, 30,6 % avaient entre 15 et 44 ans. Et surtout que "un gros tiers" des patients en réanimation à l'heure actuelle ont moins de 65 ans, affirme Check News. Mais le directeur général de la Santé Jérôme Salomon assure quant à lui que ce n'est pas un tiers, mais "la moitié" des cas en réanimation qui auraient moins de 60 ans. Des détails alarmants.

Cela étant, tient à préciser, Jérôme Salomon, "seuls 7%" des 264 décès enregistrés le 18 mars dernier auraient moins de 65 ans. Et les patients de 0 à 14 ans ne représentaient que 1 % du total des personnes admises dans un service de réanimation du réseau de surveillance Sentinelle, à la date du 23 mars, selon le bulletin hebdomadaire de Santé Publique France.

De son côté, l'infectiologue au centre hospitalier de Tourcoing Serge Alfandari cherche quant à lui à expliquer cette mortalité rare mais réelle. "Les jeunes gens touchés par le coronavirus feraient une réponse immunitaire tellement forte que cela entraînerait des lésions inflammatoires au niveau des poumons. Dans un premier temps renvoyés chez eux parce qu'ils ne présentent que de légères difficultés respiratoires, ils reviennent dans un état grave sept ou huit jours plus tard", développe le spécialiste dans les pages de La Croix.

Et l'infectiologue de le déplorer : "On est un peu dans l'inconnu". Et face à l'inconnu, encore vaut-il mieux prévenir. Et rester chez soi.