Que faire si on a envie de rompre pendant le confinement ?

Publié le Mercredi 29 Avril 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Que faire si on a envie de rompre pendant le confinement ?
Que faire si on a envie de rompre pendant le confinement ?
Après des semaines à se supporter, la quarantaine a fini par révéler chez l'autre des comportements qui nous filent de l'urticaire. Pire, nous attristent jusqu'à remettre en question notre couple. La séparation semble inévitable. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
À lire aussi

On ne va pas se mentir, on ne nageait pas dans le bonheur avant le confinement. On avait même songé à prendre de la distance il y a quelques mois, et quelques années avant ça. On s'aime depuis longtemps, et on commence à se demander pourquoi, finalement. Si ce n'est l'habitude d'être ensemble, le statut de couple qui nous rassure, face au célibat qu'on associe un peu malgré nous à la solitude. On ne rit plus vraiment, on ne partage plus grand chose, on se dispute beaucoup.

Et depuis qu'on est obligé·e·s de rester ensemble h 24, on a l'impression que chaque conversation se termine par un flot de reproches qui dépassent le sujet initial. Un simple "ça te dit, des courgettes farcies à midi ?", un anodin "t'as une idée de film pour ce soir ?" balancés à l'autre peuvent vite se transformer en une analyse de comptoir sur sa relation avec sa mère, qui serait la raison de son manque notoire d'initiatives domestiques. Bref, ça sent la fin. Et les efforts qu'on pense avoir fournis jusque-là (par "on", on exclut notre partenaire qui, selon nous, n'a pas levé le petit doigt) n'ont pas eu raison de nos querelles permanentes. L'issue semble inévitable : on va rompre. Ou plutôt, on veut rompre.

"Je vais dire ce qu'on n'est pas supposé dire : je t'aime, mais je m'aime encore plus", Samantha Jones dans "Sex & The City".
"Je vais dire ce qu'on n'est pas supposé dire : je t'aime, mais je m'aime encore plus", Samantha Jones dans "Sex & The City".

Oui mais voilà, quarantaine oblige, difficile de trouver un nouvel appartement ou de déménager temporairement chez notre soeur et ses trois gosses - aussi adorables soient-ils. On va devoir prendre notre mal en patience. Rouvrir le clic-clac. S'ignorer royalement le matin dans la salle de bain. Rien de très réjouissant.

Ou alors, on peut aussi profiter de ce trop-plein de temps libre pour analyser comment on en est arrivé·e·s là. Identifier nos potentielles erreurs communes, réfléchir à ce qui motive réellement notre décision. Et en parler, ensemble. Car c'est un fait, l'isolement a aussi le don d'amplifier nos tracas.

Problèmes réels ou exacerbés par la promiscuité ?

Dre Martina Paglia, psychologue, assure à Stylist qu'il n'y a pas de secret : il faut communiquer. "Discutez ouvertement avec votre partenaire du fait que vous traversez tous les deux une période difficile et que cet isolement pourrait provoquer quelques débordements émotionnels", conseille l'érudite. Elle martèle qu'il est judicieux d'essayer d'être aussi claire que possible avec l'autre. "Faites preuve d'empathie et rassurez-le : 'Je t'écoute, dis-moi comment je peux t'aider'", ajoute-t-elle. Très bien.

Seulement, comment faire quand le problème vient justement d'un manque d'empathie... en face ? On veut bien jouer le jeu, s'asseoir, aborder tous les aspects de la relation qui nous dérangent - comme on l'a déjà fait dix fois - mais comment agir quand on se sent impuissant·e face à un manque de réaction de la part de l'autre ? "Gardez à l'esprit que dans toute relation, il y a des hauts et des bas", poursuit l'experte. "Vous êtes dans le même bateau et vous êtes donc tous deux responsables de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas". Et elle n'a pas tort.

Elle précise également que la difficulté de la situation est à prendre en compte, et qu'il reste essentiel de se poser une question cruciale : ces obstacles à notre bonheur sont-ils apparus dernièrement, ou pèsent-ils sur notre couple depuis longtemps ?

Prendre les bonnes décisions

Quelque soit la réponse à cette question, il est nécessaire d'agir. Dans le premier cas, quelques jours de réflexion, de discussions et de compréhension mutuelle feront l'affaire, pour mieux repartir. Car rappelons-nous aussi que rien dans cette situation exceptionnelle n'est "normal", et que nos comportements, comme nos relations avec les autres, en sont forcément impactés, et ce de façon plus négative que positive. Mieux vaut donc user d'indulgence, de patience - si tant est qu'on ne soit pas arrivée au bout de nos capacités en la matière.

Dans le deuxième cas, peut-être qu'une rupture est à envisagée, pour sortir de schémas répétitifs et nocifs qui finiront par nous nuire sérieusement, à la longue. Au HuffPost, Marie a confié s'être séparée de son compagnon pendant la crise, et pour le meilleur : "J'aurais pu rester avec lui par confort, c'est vrai que c'est plus agréable de passer un confinement avec quelqu'un, mais il était temps de faire les bons choix", confie la trentenaire, qui précise avoir eu le déclic quand elle l'a retrouvé happé par un jeu de guerre violent depuis des heures, clope au bec, alors qu'elle rentrait d'un footing en solo. Un détail révélateur de leurs différences qui ne passaient pas, ou plus.

Parfois, la solution est évidente. Parfois, elle requiert plus de temps. C'est lié à notre vécu commun, mais aussi à notre histoire personnelle. Ce qu'il faut savoir, c'est que dans un cas comme dans l'autre, rien n'est irréversible. Mais plus on sera honnête avec soi-même, mieux on pourra sortir de cette spirale infernale. Seul·e, ou à deux.