Ce court-métrage poignant dépeint la "dépression qui tue"

Publié le Vendredi 18 Octobre 2019
Mylène Wascowiski
Par Mylène Wascowiski Rédactrice
Capture écran du court-métrage "Et toi, ça va ?"
Capture écran du court-métrage "Et toi, ça va ?"
Dévoilé le 10 octobre dernier sur la chaîne YouTube de la Fondation Pierre Deniker, le court-métrage "Et toi, ça va ?" dévoile le quotidien d'un père de famille de 35 ans victime de dépression. Une façon habile de briser le tabou de la maladie et les idées reçues qui perdurent aujourd'hui autour de ce trouble mental.
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Une personne sur cinq en France est ou sera victime de dépression dans sa vie. Soit 9,8% des Français. Des chiffres révélés par la Fondation Pierre Deniker dans le cadre de sa campagne "Et toi, ça va ?", un court-métrage de 9 minutes dans lequel Antoine, 35, marié et père de famille, dépeint son quotidien depuis que la dépression l'a touché. Une façon pour la fondation "d'interroger le spectateur, montrer la réalité de la dépression et briser le tabou" qui perdure autour de cette maladie aujourd'hui.

"Mettre un pied devant l'autre, ça te paraît le bout du monde"


"Il faut se rendre compte qu'on est nombreux à vivre dans cet enfer", explique Antoine dans l'introduction du court-métrage, tourné à la façon d'une vidéo de youTubeur. Face caméra, il raconte comment, quasiment du jour au lendemain, il a perdu l'appétit, le sommeil et a commencé à songer au pire pour se sortir de cette spirale infernale.

Antoine, qui se décrit comme "un mec qui a tout pour être heureux comme on dit", revient sur le début de sa dépression : "Ce mec, il s'est fait stopper net dans sa vie. Il y a trois mois, j'ai perdu l'intérêt de la vie. Quelque chose comme la motivation de respirer. Un truc tellement évident qu'on ne se rend pas compte que ça existe, sauf quand on l'a perdu."

Antoine ne dort plus, ou très peu. La nuit, ses angoisses l'habitent, le hantent, le détruisent petit à petit. Au point de penser au pire. "Les pensées en boucle, ça rumine que de la terreur, du désespoir et de la haine de soi. Comme une ritournelle de film d'horreur", explique-t-il, le regard face caméra. Il ajoute : "Et tu comprends pas comment tu vas faire pour supporter ça une journée de plus. Parce que la journée, elle va pas être plus rose que ta nuit blanche. Mettre un pied devant l'autre, ça te paraît le bout du monde."

Tordre le cou aux idées reçues autour de la dépression


Grâce à une scène de déjeuner en famille, le court-métrage dévoile les idées reçues qui perdurent autour de la dépression. Face à un Antoine qui tente de sauver les apparences, son beau-frère balance : "Aujourd'hui, à la moindre contrarié les gens s'écroulent. C'est la médicalisation de la flemme."

Très sûr de lui, il ajoute : "La dépression comme si ça se soignait... faut se bouger ! Moi, ça m'insupporte les gens qui ont tout et qui cherchent des raisons pour se faire plaindre. Il y a des gens qui ont des vraies raisons de souffrir. On a tous des moments difficiles, c'est normal, c'est la vie. Mais faut se retrousser les manches et juste arrêter de se regarder le nombril." Ce à quoi la mère d'Antoine, exaspérée par le discours facile son beau-fils, finit par rétorquer : "Tu ne dirais pas à quelqu'un qui a fait un AVC de se mettre un coup de pied au cul ?"

En plaçant en parallèle le discours d'Antoine et celui de son beau-frère, le court-métrage souligne intelligemment l'incongruité des clichés qui entourent encore aujourd'hui la dépression. Une façon efficace pour la Fondation Pierre Deniker de passer le message. Celle-ci rappelle par ailleurs sur son site internet que, selon l'OMS, la dépression deviendra "la première cause de handicap au 21e siècle devant les maladies cardiovasculaires." Il serait peut-être temps d'en parler.