La France a désormais un ambassadeur aux droits LGBT : mais peut-il (vraiment) agir ?

Publié le Mardi 08 Novembre 2022
Maïlis Rey-Bethbeder
Par Maïlis Rey-Bethbeder Rédactrice
Maïlis Rey-Bethbeder aime écrire, le café, traîner sur les réseaux sociaux et écouter de la musique. Sa mission : mettre en lumière les profils, les engagements et les débats qui agitent notre société.
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La France a décidé de nommer un ambassadeur aux droits LGBT, une première dans l'Hexagone. Mais quel sera son rôle ?
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Connaissez-vous Jean-Marc Berthon ? Ce haut fonctionnaire de 56 ans vient d'être nommé ambassadeur aux droits LGBT, mercredi 26 octobre à l'issue du Conseil des ministres.

Après avoir été conseiller d'Emmanuel Macron et directeur de cabinet de Marlène Schiappa, Jean-Marc Berthon va avoir pour mission de "coordonner l'action du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères pour la protection contre les discriminations et la promotion des droits LGBT et de porter la voix de la France", notamment pour défendre "la dépénalisation universelle de l'homosexualité et de la transidentité", avait annoncé dès cet été la Première ministre Elisabeth Borne, détaillant les tâches assignées à ce poste.

Derrière cet effet d'annonce, on est en droit de se demander si la France possède une marge de manoeuvre assez grande pour faire effectivement respecter les droits LGBT à travers le monde.

Une tâche ardue

En effet, quel poids peut avoir la France sur ce sujet-là lors de négociations avec le Qatar, les Emirats arabes unis ou encore l'Arabie saoudite, ses partenaires commerciaux mais également des pays très répressifs envers la communauté LGBT ?

L'Arabie saoudite ne reconnaît pas les droits des personnes LGBT sur son sol et l'homosexualité et le travestissement sont passibles de la peine de mort dans ce pays conservateur. Aux Emirats Arabes Unis, les relations sexuelles en dehors du mariage hétérosexuel traditionnel sont considérées comme un crime et les châtiments vont de l'amende, de l'emprisonnement, ou de la déportation, à la peine de mort.

Enfin au Qatar, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont passibles de peines de prison pouvant aller jusqu'à sept ans. Récemment, Human Rights Watch a rapporté que des personnes LGBT y avaient été "battues jusqu'au sang".

Ailleurs dans le monde, en Afrique ou en Asie, la tâche de mettre les droits des personnes LGBT sur la table sera également ardue : en Afrique, seule l'Afrique du Sud a légalisé le mariage homosexuel, et en Asie, Taïwan est le seul territoire a avoir ouvert le mariage aux couples du même sexe, rappelle Komitid. Sur 195 pays existant dans le monde, 69 pénalisent ou criminalisent encore l'homosexualité. Au sein même de l'Europe (en Suède, en Italie, ou encore en Hongrie et en Pologne), la montée des extrêmes et des mouvements réactionnaires fait craindre un recul des droits LGBT.

Jean-Marc Berthon va donc devoir redoubler de ténacité et déployer des moyens importants pour défendre sa cause, en commençant par prendre position publiquement. Concernant la Coupe du monde de football au Qatar, il semble pour l'instant rester muet.