Les femmes de chambre de l'Ibis des Batignolles obtiennent (enfin) gain de cause

Publié le Lundi 24 Mai 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Les femmes de chambre de l'Ibis des Batignolles obtiennent (enfin) gain de cause
Les femmes de chambre de l'Ibis des Batignolles obtiennent (enfin) gain de cause
Après quasi deux ans de lutte et huit mois de grève au total, la cinquantaine de femmes de chambre de l'hôtel Ibis des Batignolles ressortent victorieuses. Un accord devrait être signé leur attribuant une internalisation, une augmentation salariale et une baisse des cadences.
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En 23 mois d'action, leur combat a recueilli une vague de soutien considérable. Assos militantes, public, universitaires... Aujourd'hui, ce parcours éreintant a permis aux femmes de chambre de l'hôtel Ibis des Batignolles d'enfin pouvoir crier : "victoire".

"Je n'ai jamais vu de lutte aussi longue, aussi dure, mais au final les résultats sont là", lance Ester Sylvie Kimissa, membre de la CGT HPE, le syndicat des hôtels de prestige et économique, au micro de France 3 Île de France. "La victoire est là, c'est ce qui compte".

Depuis le 17 juillet 2019, une cinquantaine de travailleuses luttaient contre la sur-exploitation qu'elles subissent lors de leurs heures au sein de l'établissement du XVIIe arrondissement de Paris. Employées par l'entreprise STN, sous-traitante du groupe Accor, elles dénonçaient des conditions de travail déplorables. Des heures supplémentaires non-payées, une cadence impossible (à raison d'une chambre toutes les 15 minutes environ), le tout pour un salaire d'à peine 800 euros.

"Le travail est très dur, ils ne nous respectent pas. Mon contrat est de cinq heures par jour mais j'en travaille sept, et à la fin du mois, je ne suis payée que pour cinq", racontait en septembre dernier Touré, à Bastamag, alors employée depuis un an et demi. Rachel, elle, expliquait souffrir d'une tendinite après 17 ans de service. "Souvent j'ai mal. Je me suis fait mal aussi au dos. Ce boulot, ça abîme. Si on était directement embauchées par Accor, je pense que ça irait mieux. Ceux qui travaillent directement avec les hôtels, ils ne font pas 30, même 40 chambres par jour comme nous."

Le 21 mai, comme le rapporte France 3, elles ont enfin obtenu du groupe Accor la requalification de leur contrat en Contrat à durée indéterminée (CDI), la baisse des cadences, une augmentation salariale et une prime de paniers repas, mais aussi que l'entreprise se charge du nettoyage de leur uniforme.

"Leur combat et leur détermination forcent le respect. Un immense bravo à elles", signe sur Twitter la députée France Insoumise (FI) Clémentine Autain. "Formidable nouvelle", s'enthousiasme à son tour l'adjointe à la Maire de Paris Audrey Pulvar, qui salue la "ténacité" des femmes de chambre. L'accord devrait être signé mardi 25 au matin.