Société
Le caractère lesbophobe retenu dans le viol d'une femme : une grande première
Publié le 31 mai 2021 à 11:40
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Chose rare dans le cadre de la justice française : la reconnaissance du caractère lesbophobe d'un viol par la cour d'assises d'appel de Paris. Pour beaucoup de voix militantes, c'est une vraie avancée.
Le caractère lesbophobe retenu dans le viol d'une femme : une "première" Le caractère lesbophobe retenu dans le viol d'une femme : une "première"© Adobe Stock
La suite après la publicité

"Les faits ont été accompagnés de propos portant atteinte à l'honneur ou à la considération de la victime en raison de son orientation sexuelle". Tel est le verdict qui fut rendu par la cour d'assises d'appel de Paris à propos du viol dont fut victime une jeune femme lesbienne en octobre 2017. Le 28 mai dernier, la cour a donc affirmé le caractère lesbophobe d'un viol. Et c'est une première.

Effectivement, l'orientation sexuelle de la victime n'est que trop peu souvent mise en relation avec l'acte de haine de l'agresseur. Ce dernier a été condamné à quatorze ans de réclusion criminelle, comme nous l'apprend le journal Le Monde. "Je suis assez rarement ému au moment du délibéré, et aujourd'hui, je suis très ému. C'est la suite du procès d'Aix-en-Provence", a affirmé à ce sujet Stéphane Maugendre, l'avocat de la victime.

Une allusion à un procès historique : en 1978, l'avocate féministe Gisèle Halimi défendait deux femmes lesbiennes belges, battues, séquestrées et violées par trois hommes quatre ans plus tôt. La condamnation des agresseurs fut un premier pas vers la reconnaissance du viol en tant que crime dans la loi française.

Pour Stéphane Maugendre, le verdict de la cour d'assises d'appel de Paris répond donc à une même évolution de la loi. A l'unisson, la candidate à la primaire d'EELV et militante féministe Sandrine Rousseau voit dans "la reconnaissance du caractère lesbophobe d'un viol", une "grande avancée" pour la justice française.

"Il avait envie de me détruire pour ce que je suis"

"On ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre. Il avait envie de me détruire pour ce que je suis", a déclaré la victime (auquel Le Monde attribue le pseudonyme de "Jeanne") à propos de son agresseur. Ce dernier, après que la trentenaire ait refusé d'avoir une relation sexuelle avec lui (elle lui avait précédemment précisé qu'elle était lesbienne), l'aurait battue, torturée et violée durant une heure et demie. Sa menace initiale ? "Ah, tu kiffes les meufs, je vais te faire kiffer".

Le caractère lesbophobe de l'agression semble donc explicite au vu des faits présentés. Cette affaire avait déjà fait l'objet d'un premier procès en mars 2020. L'agresseur avait alors été condamné à quinze ans de prison. Mais le caractère homophobe de ce viol, une circonstance aggravante systématiquement niée par l'agresseur, n'avait pas été retenue par la cour d'assises de la Seine-Saint-Denis, comme le souligne encore Le Monde.

C'est désormais chose faite. "Une femme est violée parce qu'elle est lesbienne. Un viol correctif sanctionné de 14 ans de réclusion criminelle, du fait de sa motivation lesbophobe. Parfois il y a justice. 'Jeanne' on t'aime, ton courage dans ce procès fera date pour nous toutes", a conclu l'autrice féministe Anne-Laure Pineau.

Mots clés
Société News essentielles LGBTQI lesbienne Homophobie homosexualite loi justice discrimination Viol
Sur le même thème
"Il me tape la tête", "Viol durant mon sommeil" : ce compositeur d'une célèbre émission musicale est accusé de violences par quatre femmes
Culture
"Il me tape la tête", "Viol durant mon sommeil" : ce compositeur d'une célèbre émission musicale est accusé de violences par quatre femmes
18 décembre 2025
"La culture banalise les féminicides, les meurtres des femmes, en fait un divertissement", défend ce grand auteur féministe dans une prise de parole controversée
Culture
"La culture banalise les féminicides, les meurtres des femmes, en fait un divertissement", défend ce grand auteur féministe dans une prise de parole controversée
23 septembre 2025
Les articles similaires
"J'ai eu un mal de dos terrible durant la défense", témoigne l'avocate de Dominique Pelicot, et ça fait beaucoup réagir les internautes
Société
"J'ai eu un mal de dos terrible durant la défense", témoigne l'avocate de Dominique Pelicot, et ça fait beaucoup réagir les internautes
7 octobre 2025
Procès P. Diddy : Cassie, son ex compagne témoin clé de l'affaire, réagit au verdict
Société
Procès P. Diddy : Cassie, son ex compagne témoin clé de l'affaire, réagit au verdict
3 juillet 2025
Dernières actualités
“Elle savait pas quoi porter ?”, “Qu’on vire sa styliste” : cette actrice de Stranger Things ose la naked dress… Et se prend une raclée par Internet
people
“Elle savait pas quoi porter ?”, “Qu’on vire sa styliste” : cette actrice de Stranger Things ose la naked dress… Et se prend une raclée par Internet
21 décembre 2025
“39 ans d’écart ?!” : cette rockstar de 77 ans en couple avec une femme de 38 ans, ils font le (bad) buzz sur les réseaux sociaux
people
“39 ans d’écart ?!” : cette rockstar de 77 ans en couple avec une femme de 38 ans, ils font le (bad) buzz sur les réseaux sociaux
21 décembre 2025
Dernières news