Culture
Ce film québécois sur les groupies d'un serial killer est une énorme claque
Publié le 18 janvier 2024 à 12:40
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
On ressort groggy du thriller québécois "Les chambres rouges", bombe visuelle et sonore qui relate la rencontre entre deux groupies d'un tueur en série (présumé). Sujet bien touchy, regards féminins, ambigueté totale... On vous en dit plus, sans spoiler.
Ce film québécois sur les groupies d'un serial killer est une énorme claque
Ce film québécois sur les groupies d'un tueur en série est une énorme claque Ce film québécois sur les groupies d'un serial killer est une énorme claque Ce film québécois sur les groupies d'un serial killer est une énorme claque On ressort groggy du thriller québécois "Les chambres rouges", une petite bombe visuelle et sonore qui relate la rencontre entre deux groupies d'un tueur en série (présumé). Sujet bien touchy, regards féminins, ambigueté totale... On vous en dit plus, sans spoiler. Il aurait torturé, violé, tué, trois ados, et parmi elles, une gamine de seulement 13 ans. Ce sont ces faits monstrueux qui pèsent sur un présumé tueur en série, objet d'un phénoménal procès de deux longs mois. Dans la salle d'audience, les proches des victimes, les avocats, mais aussi... Des "groupies" du serial killer, persuadées de son innocence, ou tout simplement fascinées par sa stature. Des malades ?
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Il aurait torturé, violé, tué, trois ados, et parmi elles, une gamine de seulement 13 ans. Ce sont ces faits monstrueux qui pèsent sur un présumé tueur en série, objet d'un phénoménal procès de deux longs mois. Dans la salle d'audience, les proches des victimes, les avocats, mais aussi... Des "groupies" du serial killer, persuadées de son innocence, ou tout simplement fascinées par sa stature.

Des malades ?

Ces groupies sont les protagonistes d'une petite bombe tout droit venue de Québec, Les chambres rouges. Un thriller d'une étouffante tension qui bouscule attentes, confort et morale pour nous plonger dans la tête de ces jeunes femmes obsédées par les actes extrêmement morbides d'un assassin que tout semble accuser. En tête du récit, un duo féminin antagoniste - l'une est une amoureuse hyper bavarde, l'autre une mutique insondable - aux côtés duquel nous allons sombrer, deux heures durant, de plus en plus loin dans la noirceur. Trop loin !

Avouez que ce pitch est sacrément intriguant. Et ce n'est pas la seule qualité de cet ovni à découvrir en salles depuis le 17 janvier. Car Les chambres rouges dépasse son postulat pour nous embarquer là où l'on a pas, mais alors, pas du tout, envie d'aller. Et le fait avec une mise en scène d'une rare puissance...

Des regards féminins au coeur du mal

Les chambres rouges est un geste politique : c'est l'anti podcast ou série true crime. C'est à dire que l'on s'éloigne du sensationnalisme pour plonger dans l'horreur, une horreur hors champ la plupart du temps, mais qui, suggérée, en est d'autant plus insoutenable. En se penchant sur la fascination trash de nos contemporains pour les serial killer, et plus globalement l'ultraviolence, le cinéaste Pascal Plante propose à la fois une réflexion dense et complexe, sans jamais apporter de jugements, et... Une pure expérience de cinéma.

Car de sa musique épique - traversée de hurlements qui secouent - à sa mise en scène très minutieuse - en témoignent les changements de perspective riches de sens dès la séquence d'ouverture, au sein de la salle d'audience ! - Les chambres rouges s'impose comme un objet sensoriel implacable qui vient nous bousculer. On assiste à la chose comme à un crash de voiture.

Tout comme la relation au coeur du récit. Ces deux jeunes femmes que l'on suit sont aussi dérangeantes et certainement dérangées que troubles et captivantes. On s'attache à elles car elles témoignent malgré tout d'une tragique humanité : leur histoire est celle de deux solitudes au féminin qui se rencontrent. Et qui ont choisit de briser ladite solitude... En faisant le pire choix. Celui d'une chute libre. Que l'on va contempler.

Il y a dans cette intention de saisir deux sensibilités opposées mais complémentaires une quête d'empathie, c'est certain, mais aussi une volonté d'ambiguïté, qui donne droit à des séquences glaciales et inquiétantes. Ainsi l'on s'amusera du fait que notre personnage principal, un anti héroïne par excellence, suscitera en nous plus d'angoisse que le présumé tueur en série qui semble occuper tout l'espace - sans quasiment jamais être là !

Les chambres rouges choisit de privilégier au sein d'un genre très codifié - le thriller - un regard féminin qui échappe plutôt bien aux stéréotypes et attentes : ni véritablement enquêtrice, ni femme forte, ni victime... Mais quoi alors ? Justement, c'est la force de ce récit de n'apporter aucune réponse définitive quant à la psychologie de ses personnages.

Alors qu'un film comme Priscilla pêche par son manque de qualité d'écriture, on ira plutôt voir Les chambres rouges pour se rappeler de l'effet ressenti face à ce qui a hélas échappé à Sofia Coppola : l'évolution d'une protagoniste féminine qui existe vraiment et ne se contente pas d'être une simple surface.

Mais trop en dire serait gâcher une partie de ce voyage au bout d'une horreur malheureusement très humaine, menée par deux comédiennes déroutantes d'implication. Foncez ! Pour public averti cependant.

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