"Je ne comprends pas ce qui m'arrive" : de nouveaux témoignages accablants contre PPDA

Publié le Mardi 20 Septembre 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Monde de l'édition : de nouveaux témoignages accablent PPDA
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Monde de l'édition : de nouveaux témoignages accablent PPDA
Dans les pages de Libération ce mardi 20 septembre, de nouveaux témoignages accablent PPDA, l'ex'présentateur vedette du JT de TF1. Il y est notamment question d'agressions sexuelles au sein du monde de l'édition et de la littérature.
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L'affaire PPDA n'en finit pas de rebondir et les nouveaux témoignages glaçants de se multiplier. Après notamment l'émission de Médiapart dans laquelle des accusatrices de l'ex-présentateur du JT témoignaient à visage découvert, Libération révèle de nouvelles accusations de violences sexuelles, d'autrices cette fois-ci. Celles-ci affirment que Patrick Poivre d'Arvor aurait profité de sa position dans le monde du livre pour abuser d'elles.

Parmi ces voix, qui ont donné lieu à deux nouvelles plaintes pour un viol et des agressions sexuelles, ainsi qu'à un signalement portant sur une accusation de viol, on retrouve notamment celle de l'autrice Bénédicte Martin. Patrick Poivre d'Arvor l'aurait saisie par la gorge en lui faisant une clé avec le bras. S'en serait suivie une bagarre "par terre". PPDA aurait "remonté sa jupe" et aurait embrassé Bénédicte Martin de force.

"Non, pas comme ça, on vaut mieux que ça", aurait dès lors "feinté" la romancière, avant de prendre la fuite, éprouvant suite à ce traumatisme "l'angoisse que PPDA rapplique". En 2003, l'autrice et journaliste aurait raconté à Frédéric Beigbeder, son éditeur, cette agression. Le romancier aurait alors "explosé de rire", ajoutant : "C'est normal, tu es une fille". Un échange lunaire.

"Si tu veux écrire, il y a des passages obligés"

En outre, le récit de cette agression aurait engendré d'autres réactions tout aussi déroutantes. Une attachée de presse de la maison d'édition Flammarion, relate la plaignante, lui aurait alors assuré : "Si tu veux écrire, il y a des passages obligés... Il est comme ça, Patrick, tout le monde le sait. Tu t'attendais à quoi ? Toutes les jeunes filles y sont passées. Ton livre marche très bien. De quoi tu te plains ?".

Le romancier Michel Houellebecq serait entré dans le bureau à ce moment-là : "Qu'est-ce qui se passe ?". "Il se passe que PPDA a essayé de sauter Bénédicte", lui aurait rétorqué Frédéric Beigbeder. "Rien ne change alors", aurait conclu l'auteur des Particules élémentaires, selon Libé.

"J'ignorais les viols. Dans le milieu, les femmes faisaient l'objet de vannes qu'on jugerait aujourd'hui inadmissibles. Je n'ai pas de souvenir de faits précis", s'est défendu Frédéric Beigbeder en septembre dernier.

"Ça dure cinq minutes à peine"

Les témoignages recueillis par Libération dépeignent PPDA comme une figure très influente du monde de l'édition, "puissante, publiée par les plus prestigieuses maisons d'édition et disposant de véhicules d'influence avec ses émissions littéraires". Ainsi peut-on également lire le témoignage de Juliette , journaliste et écrivaine. Celle-ci relate une agression qui aurait eu lieu en 2000 dans le bureau du présentateur, "une pénétration rapide, sans tentative de séduction aucune", la victime présumée étant "plaquée à une table".

"PPDA aurait introduit son sexe furtivement. Tétanisée, elle ne bouge pas. Il éjacule tout de suite", précise le journal. Peu de temps après le viol, PPDA lui aurait proposé de chroniquer un livre dans Vol de nuit, son émission littéraire.

Accablant aussi, le témoignage d'Anne Cauquil-Gleizes, enseignante de 53 ans, qui plus jeune aurait demandé des conseils d'écriture à Poivre d'Arvor. Celui-ci lui aurait demandé "quel genre de sous-vêtement elle porte", et, lors d'une manifestation littéraire, l'aurait accueillie dans sa chambre d'hôtel.

"ll me bascule sur le lit, me déshabille, me pénètre. Ça dure cinq minutes à peine. Je reste complètement passive, je ne comprends pas ce qui m'arrive", témoigne la plaignante. L'animateur et écrivain aurait relaté cela dans son roman Femmes de ma vie, dépeignant la jeune comme comme "un "homard [qu'il faudrait prendre] pouce et index derrière les pinces [pour qu'elle cesse] d'agiter ses longues jambes et se mette à ronronner".

Et Libération d'interroger : "Un viol peut-il se cacher sous un style pompier ?".

Comme le rappelle Libé, une information judiciaire sur des viols dénoncés par Florence Porcel et une enquête préliminaire (dans laquelle pas moins de 23 femmes avaient dénoncé des viols, des agressions ou du harcèlement) ont été ouvertes. Patrick Poivre d'Arvor continue à évoquer des "dénonciations calomnieuses".

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