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Amber Heard serait la star la plus détestée au monde (et c'est un vrai sujet de société)

Publié le Jeudi 23 Mai 2024
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Amber Heard serait la star la plus détestée au monde (et c'est un vrai sujet de société)
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Symbole puissant des nombreux "retours de bâton" en réaction au mouvement #MeToo ? Amber Heard vient d'être élue "personnalité la plus détestée au monde"...
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Amber Heard est devenue ces dernières années un symbole fort de la haine contre les femmes. Une détestation largement alimentée par les masculinistes sur les réseaux sociaux. Et ce encore aujourd'hui, soit près de deux longues années après le verdict du fameux procès "Depp/Heard", prononcé le 1er juin 2022.

Pour rappel, car c'est important, ce procès ultra médiatisé avait engendré la condamnation pour diffamation de Amber Heard, mais aussi de son ancien conjoint Johnny Depp, obligeant ce dernier à verser 2 millions de dollars de "réparations". Autre piqûre de rappel de taille, qu'on a tendance à éluder : deux ans plus tôt, Johnny Depp avait également été déclaré coupable de violences conjugales par le tribunal de Londres.

Et pourtant... La "hate" ne se tarie pas. La preuve ? L'actrice hollywoodienne vient d'être désignée comme la "personnalité la plus détestée au monde" par le site US Ranker. Rien que ça oui. Un qualificatif qui bien au delà des potins people doit être traité pour ce qu'il est : un vrai sujet de société.

Le retour de bâton du mouvement #MeToo

Deux ans plus tard, les militantes féministes n'hésitent plus à soutenir Amber Heard. C'est le cas de Rose Lamy, instigatrice du compte Préparez vous pour la bagarre, qui dissèque le sexisme médiatique, et à qui l'on doit un ouvrage collectif : Moi aussi, au sein duquel elle dédie un chapitre à la médiatisation du procès opposant Johnny Depp et Amber Heard.

A la lire, cette détestation est un retour de bâton, un "backlash", : cet anglicisme initié par la journaliste américaine Susan Faludi au sein de son enquête éponyme désigne à l'origine les formes qu'a pu revêtir la "puissante contre-offensive pour annihiler les droits des femmes" durant la seconde moitié des années 80 aux Etats-Unis.

Aujourd'hui, on l'emploie pour désigner les "contre-offensives" - médiatiques, politiques - à l'encontre du mouvement #MeToo. "Pendant les premières semaines du procès Depp/Heard, on a manqué de contradictoire, seul Johnny Depp parlait, et ses mots étaient pris pour argent comptant. Personne ne semblait souhaiter médiatiser ce procès, le contextualiser, s'attarder dessus. Comme si cela n'en valait pas la peine", déplore Rose Lamy dans nos pages.

"Le silence général sur cette affaire en France donne un bon exemple de backlash. J'ai trouvé que ce n'était pas un backlash habituel, autrement dit, émanant des conservateurs. Là, cela venait aussi des milieux féministes... C'est un écueil, quand on soutient le mouvement #MeToo, de ne pas prendre part à des sujets relatifs à la culture pop, des sujets qui intéressent les gens. Ce n'est que par la suite qu'on a vu des réflexions plus critiques sur Amber Heard et l'archétype de la "mauvaise victime", cible de sexisme".

"Mauvaise victime" mais vraie source de haine, Amber Heard réside désormais en première place d'un sinistre podium. Même devant... Bill Cosby.

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