Que se passe-t-il dans le corps quand on ne fait pas l'amour pendant longtemps ?

Publié le Vendredi 19 Juin 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Que se passe-t-il dans le corps quand on ne fait pas l'amour pendant longtemps ?
Que se passe-t-il dans le corps quand on ne fait pas l'amour pendant longtemps ?
Le sexe a des vertus indéniables sur l'organisme. Mais qu'en est-il des (longues) périodes d'abstinence ? Comment nous impactent-elles psychologiquement et physiquement ? Des expert·e·s répondent.
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Avant toute chose : il n'y a absolument rien d'anormal à ne pas faire l'amour, et ce pendant aussi longtemps qu'on le souhaite. Qu'importe la raison. Que le sexe ne soit pas quelque chose qui vous attire de manière générale. Que dans les derniers mois, voire années, vous n'ayez pas rencontré de partenaire qui vaille le coup. Ou que vous ne ressentiez tout simplement pas l'envie de vous envoyer en l'air : toutes ces options sont valables. Simplement parce que vous faites bien ce que vous voulez.

Cependant, le coït - ou plutôt : la jouissance - a des vertus prouvées qui peuvent influer sur notre moral, voire notre immunité si l'on en croit une étude datant de 2004. Pendant une période d'abstinence prolongée, il est donc également possible de faire face à quelques changements physiques et psychologiques. Les voici. Et avec, quelques alternatives si l'attente vous pèse.

On pourrait se sentir plus stressée

"Lorsque vous avez des relations sexuelles, vous libérez des hormones de bien-être, notamment de l'ocytocine et de l'endorphine", explique James Coan, professeur de psychologie à l'université de Charlottesville, en Virginie, à NBC. Hormones que l'on peut également obtenir via des baisers, des câlins et de l'affection en général. Seulement l'expert est formel : rien de tel qu'un orgasme pour se sentir détendu.

Selon Dre Jordin Wiggins, sexologue, "les gens peuvent se sentir plus agités qu'ils ne le sont habituellement" lorsque les rapports sont au point mort. Elle ajoute à Bustle : "Le sexe a des liens complexes avec l'humeur et l'estime de soi". Elle insiste néanmoins sur un point : ces conclusions ne valent pas pour tout le monde. Parfois, la pression qui l'entoure rend l'acte beaucoup plus stressant que relaxant.

Cependant, si vous vous sentez moins en forme (mentalement) que d'habitude, et que vous pensez que le manque de sexe y contribue, elle conseille donc de "trouver d'autres moyens de stimuler les hormones que le sexe libère habituellement". Et de ce côté, on a nos petites idées.

La masturbation, déjà. Rappelez-vous que l'on n'est jamais mieux servis que par soi-même, et donc que vos doigts (ou ce nouveau sextoy qui vous fait de l'oeil depuis la table de chevet) sauront très certainement vous remonter un peu le moral en cette période d'abstinence - si tant est, on le répète, qu'elle vous chagrine. Et pour ce qui est des bienfaits du toucher entre deux (ou plusieurs) humains, il n'y a rien de mal à demander à votre pote de vous prendre dans vos bras. Juste quelques secondes, pour se sentir mieux, et combler cette "faim de peau" qui vous ronge.

Que se passe-t-il dans le corps quand on ne fait pas l'amour pendant longtemps ?
Que se passe-t-il dans le corps quand on ne fait pas l'amour pendant longtemps ?

On pourrait mettre plus de temps à être lubrifiée

Faire l'amour régulièrement permet aussi d'accorder vos organes sexuels, explique Dre Wiggins, sous-entendu de rendre votre vagin plus rapidement prêt pour un rapport. Et s'en passer pendant un certain temps a des chances de jouer sur votre capacité à être lubrifiée, car ce processus tire profit d'une certaine régularité.

Dre Sarah Welsh, gynécologue, détaille quant à elle un fait plus anatomique auprès de Metro UK : "Le sexe entraîne une augmentation du flux sanguin vers le vagin et une lubrification naturelle accrue, ce qui signifie que de longues périodes sans rapports sexuels peuvent signifier que les tissus vaginaux deviennent légèrement plus secs et plus fins", explique-t-elle. "Cela est toutefois moins fréquent chez les jeunes femmes en bonne santé, mais plus apparent chez les femmes ménopausées".

Dre Wiggins indique à son tour que, si vous arrêtez toute activité sexuelle pendant un moment, vous aurez peut-être besoin d'un peu d'aide supplémentaire lorsque vous vous remettrez en selle. Une bonne excuse pour que votre prochain·e partenaire passe trois fois plus de temps sur des préliminaires qui vous sont dédiées, en somme.

Notre libido pourrait décroître

"Le sexe n'est pas une pulsion qui devient de plus en plus pressante lorsqu'on n'y cède pas", assure Dre Wiggins qui oppose l'envie de cul à la faim. "Il s'agit d'un système de récompense". Ce n'est donc pas parce qu'on fera l'amour que l'on aura envie de faire l'amour, mais plutôt parce qu'on aura "des rapports satisfaisants que l'on voudra davantage de rapports satisfaisants", nuance-t-elle. Subtile, mais évident : plus on prend son pied, plus on en veut, et à l'inverse, les coïts passables ne donnent pas forcément envie de recommencer.

Ainsi, si vous ne forniquez pas pendant une longue période, il y a de bonnes chances que vous viviez cette situation sans encombre, poursuit la spécialiste. Certes, votre libido sera en berne sur le moment. Mais une fois que vous serez à nouveau prête à vous lancer, son retour s'avérera certainement triomphant. Il suffira juste de rencontrer quelqu'un·e qui comblera vos désirs.

Et si vous souhaitez réellement continuer à ressentir cette excitation, même sans partenaire, la masturbation reste la meilleure solution.

Faire l'amour pourrait booster notre système immunitaire

"Il est prouvé que des éléments de notre système immunitaire sont activés par l'excitation sexuelle et l'orgasme", conclut Dre Welsh. "Les orgasmes, qu'ils soient provoqués par des rapports sexuels ou par la masturbation, entraînent une augmentation du taux d'adrénaline et d'autres cellules immunitaires dans le sang, ce qui indique l'impact positif que l'excitation sexuelle peut avoir sur le système immunitaire".

Le sexe, coup de pouce anti-Covid ? Ce qui est sûr, c'est que le célibat n'a aucun effet nocif sur votre corps qui ne pourrait être pallié par la pratique solo ou une toute nouvelle passion pour le sport. L'important restant d'écouter vos envies, de ne rien presser et de prendre soin de vous, avec ou sans cul.