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Nudité, sexisme : pourquoi Ruth Wilson a quitté la série "The Affair"
Publié le 20 décembre 2019 à 12:17
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Scènes de nudité "gratuites", manipulations de la showrunneuse, atmosphère des plus toxiques... Une enquête du Hollywood Reporter revient sur les dessous du tournage de la série "The Affair". Et c'est totalement édifiant.
Ruth Wilson fustige le "cahier des charges" sexiste de la série "The Affair". Ruth Wilson fustige le "cahier des charges" sexiste de la série "The Affair".© BestImage
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Vous êtes-vous déjà dit, devant un film ou une série, que telle scène de nudité (bien souvent féminine) n'était pas "si" essentielle ? Que l'on aurait pu s'en passer ? Et pourtant, qu'importe le genre cinématographique ou le show, les scènes de nu des comédiennes sont, plus que courantes, normalisées au possible. Quitte à faire office de "passage obligé" au sein des fictions. Et parfois, loin de la performance "artistique", ces séquences cachent une réalité bien plus toxique qu'on ne pourrait le croire.

C'est tout du moins ce que nous démontre le "cas" de Ruth Wilson. L'actrice a été l'une des têtes d'affiche de la série The Affair. Mais elle a fini par déserter le show à cause des conditions de tournage. Un climat oppressant au possible, notamment par ce rapport à la nudité, nous apprend cette édifiante enquête du Hollywood Reporter...

Un cahier des charges sexistes

Bien qu'initiée et dirigée par une femme, en la personne de la scénariste et productrice Sarah Treem, The Affair n'a pas été une expérience des plus "sororales" pour la comédienne britannique. Loin de là. Ruth Wilson s'est sentie mal à l'aise au moment de tourner les (nombreuses) scènes de nudité, qu'elle considère comme étant "gratuites" pour la plupart. Face à ce malaise diffus, Sarah Treem aurait fait la sourde oreille.

"Elle essayait de "cajoler" ses acteurs afin qu'ils se déshabillent", précise encore une source anonyme. En les complimentant sur leur physique, par exemple. Quand bien même les comédiens (et comédiennes) ne le désiraient pas. Et que leur contrat, d'ailleurs, ne leur imposait rien de tout cela...

Si le Hollywood Reporter dévoile certains "soucis" des plus dérangeants (un moniteur aurait été allumé lors du tournage d'une scène de sexe, la rendant ainsi visible à une personne non impliquée dans la production), c'est notamment au moment de tourner une séquence de viol que Ruth Wilson a fait part de son malaise. Elle a même exprimé un refus catégorique.

Suite à ce différend, l'actrice a imposé ses propres conditions concernant le tournage de la quatrième saison de The Affair, en exigeant que Sarah Treem ne soit plus autorisée à la diriger. Deux ans après les prémices de la révolution #MeToo, ces informations accablent. Elles dévoilent le rapport d'autorité qui perdure encore entre les créateurs (et créatrices) et leurs stars.

En cela, ces révélations nous renvoient aux récentes indignations de stars réputées. Celles d'Emilia Clarke par exemple. La "Mère des Dragons" de Game of Thrones n'a pas hésité à critiquer l'abondance de scènes de nu qu'elle s'est vue forcée d'accepter au fil des huit saisons de la série. Et quand la comédienne disait "non", précise Grazia UK, on lui rétorquait : "Tu ne veux pas décevoir tes fans !". Un sexisme normalisé.

Idem pour Kristen Davis. La Charlotte de Sex and the City n'a pas oublié son inconfort au moment de tourner certaines séquences "sulfureuses" de la série, notamment une scène de sexe où son personnage se fait insulter. "Je détestais tellement ça", a-t-elle ajouté.

Mais Sarah Treem, de son côté, nie toute attitude toxique de sa part. Interrogée par le Hollywood Reporter, elle proteste : "Je ne suis pas une personne manipulatrice et j'ai toujours été une féministe". Si le consentement des comédiennes face aux scènes de nudité se doit toujours d'être officialisé avant le tournage, sous la forme d'un accord écrit, il n'est pas rare que directeurs et directrices d'actrices abusent de leur pouvoir sur le plateau. Un rapport de force le plus souvent gorgé de sexisme. Et qui exige encore, de la part de la profession, une considérable introspection.

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