Pourquoi le commentaire de Bernard Pivot suite à la mort de Françoise Arnoul coince

Publié le Vendredi 23 Juillet 2021
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
Pourquoi le commentaire de Bernard Pivot suite à la mort de Françoise Arnoul coince
Pourquoi le commentaire de Bernard Pivot suite à la mort de Françoise Arnoul coince
Françoise Arnoul avait 90 ans quand elle est décédée des suites d'une longue maladie, mardi 20 juillet. Elle laisse derrière elle une carrière impressionnante, et une vie pavée d'engagements. Bernard Pivot, lui, en retient ses seins.
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Elle était l'égérie de Jean Renoir, qui lui a donné le rôle de Nini la blanchisseuse de Montmartre, aux côtés de Jean Gabin, dans French Cancan. Elle était celle qui n'avait "jamais été vraiment intéressée par [sa] carrière", jouant dans "les films qui [lui plaisaient] avant tout". 70, au total. Elle avait signé le "manifeste des 343", en 1971, pour défendre le droit à l'avortement. Elle était engagée dans la lutte syndicale. Une personnalité dont le nom est tout de suite familier, si on ne connait pas déjà sa filmographie par coeur.

Françoise Arnoul est décédée à l'âge de 90 ans.
Françoise Arnoul est décédée à l'âge de 90 ans.

Parmi ses confrères et consoeurs du monde artistique, nombreux·se·s ont partagé un hommage à cette "grande actrice française". Notamment Brigitte Bardot, qui en a profité pour témoigner son mécontentement de "l'indifférence de la presse" sur cette nouvelle déchirante, parce que concentrée sur la vaccination et l'actualité de la crise sanitaire. "Adieu ma jolie Françoise" signait-elle, précisant qu'elle "fut éblouissante".

"Si tu cherches Brigitte Bardot à travers moi, tu ne la trouveras pas. Elle n'est pas moi, je ne suis pas elle", précisait d'ailleurs à son sujet Françoise Arnoul au réalisateur - et ex-époux de la première - Roger Vadim, consciente de l'attrait colossal pour la star de Et dieu... créa la femme, dans les années 60. Ou comment mettre un terme efficace à une tentative de compétition fantasmée et nocive.

"Ses seins ont fait rêver"

Et puis, il y a Bernard Pivot.

"Françoise Arnoul nous a quittés", écrit le journaliste et président de l'académie Goncourt sur Twitter. "Ses seins ont fait rêver les jeunes gens des années 50. Mais ceux qu'on pouvait admirer dans le film 'L'épave' n'étaient pas les siens. Elle m'en a fait l'aveu au cours d'une émission. Encore mineure, elle n'avait pas eu le droit de tourner dénudée".

Malaise. Ou comment ramener 70 ans de présence cinématographique au physique d'une icône qui vient de décéder, et ce, en moins de temps qu'il en faut pour dire "boomer".

Rapidement, ses mots ont été vivement critiqués. A juste titre. "Avez-vous bu Bernard ?", interpelle une militante féministe. "Tu ne pouvais pas trouver autre chose à dire d'une femme qui vient de mourir ?", lance un internaute. "C'est là où on se rend compte de la lubricité malsaine de l'époque où rêver aux seins d'une mineure était monnaie courante", épingle un·e autre. Ou encore : "C'était une grande actrice française. Et vous rendez hommage à ses nichons. C'est classe".

Une jeune femme souligne encore un double standard flagrant et ô combien sexiste. "Donc, au lieu, de retenir l'ensemble de sa carrière et ce qu'elle a fait pour la culture française. On va retenir son physique. Ma question est: Si c'était un homme feriez-vous la même réflexion ?! On y irait parler de ses attributs masculin !?" Et un twittos de se contenter d'une citation de Crime et Châtiment de Dostoievski, particulièrement appropriée : "C'est un homme intelligent, mais pour agir intelligemment, il ne suffit pas de l'être."

Une réflexion, celle du roi de la dictée, qui, quand on se souvient de ses propos sur Greta Thunberg ou sur la justification de l'emploi du Covid au féminin, est certes toujours révoltante, mais finalement, pas si étonnante.