Animée par Laurent Lafitte, la cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2025 a eu lieu ce samedi 24 mai dans la mythique salle du Grand Théâtre Lumière. Cette 78e édition a été aussi riche en moments de cinéma qu'en prises de position et moments insolites. Retour sur les moments forts de la quinzaine sur la Croisette.
Le jury de la 78e édition du Festival de Cannes a décerné sa Palme d'or au réalisateur iranien Jafar Panahi, de retour sur la Croisette après avoir été privé pendant quinze ans de son passeport par les autorités iraniennes. Son film Un simple accident met en scène la confrontation d’anciens détenus politiques qui retrouvent de manière fortuite leur bourreau, ainsi que le dilemme moral suscité par cette situation. Il succède à Anora de Sean Baker sacré en 2024.
En recevant sa Palme d'or, Jafar Panahi a appelé tous les Iraniens à "mettre tous leurs problèmes et différences de côtés". "Soyons unis, soyons ensemble pour vivre ce moment où plus personne n'osera nous dire comment on doit s'habiller, ce que l'on doit dire, ou ce que l'on doit faire", a-t-il ajouté.
Le Festival de Cannes a décidé cette année de durcir les règles de son code vestimentaire. Exit les tenues encombrantes, "en particulier les traînes longues, dont le volume entrave la bonne circulation des invités et complique l'assise dans la salle" ou encore les tenues trop dénudées. Une restriction qui a contraint l'actrice américaine Halle Berry, membre du jury, à changer in extremis de robe pour la cérémonie d'ouverture.
Néanmoins, plusieurs stars ont osé transgresser les nouvelles règles cannoises. C'est notamment le cas d'Heidi Klum qui a monté les marches dans une robe très volumineuse, mais aussi de Farhana Bodi, Wan QianHui ou encore Ginta Biku. Le 19 mai, une invitée habillée d'une robe sirène a été refoulée du tapis rouge, en raison de la traîne jugée trop longue et encombrante. Pour lui permettre d'accéder au Palais des Festivals, son accompagnatrice a arraché d'un geste sec la traîne.
L’influenceuse Léna Situations se trouve régulièrement au cœur de violentes vagues de cyberharcèlement et de commentaires misogynes. Cette fois-ci, c'est sa tenue qui a fait polémique en plein festival de Cannes. Le scandale provient d'une robe ample signée The Row, la marque des sœurs Marie-Kate et Ashley Olsen, accompagnée d’un foulard dans les cheveux. Déborah Abisror-De Lieme, cadre du parti Renaissance, a associé la tenue de la créatrice de contenu à de "l'entrisme", tandis que Christine Kelly a accusé Léna Mahfouf de "s’habiller à la mode des Frères musulmans" sur le plateau de CNews.
La jeune femme a réagi à ces propos, mais aussi à des propos sexistes tenus à son encontre sur les réseaux sociaux. "Pendant ce Festival de Cannes j’ai appris que j’étais enceinte et que j’avais rejoint les Frères musulmans", a-t-elle ironisé. "Une pensée à nos mères qui ont marché pour que nous puissions CHOISIR nos vêtements. Merci. Et une pensée encore plus grande aux femmes musulmanes qui vivent ces jugements au quotidien mais sans le soutien d’Internet pour les défendre."
L'acteur français Théo Navarro-Mussy, au casting du film Dossier 137 de Dominik Moll, en lice pour la Palme d'or, n'a pas foulé le tapis rouge, en raison d'accusations de "viols, violences physiques et morales" portées par trois anciennes compagnes. "Par respect pour la parole des victimes, sans oublier la présomption d'innocence non plus, et en accord avec le festival et le comédien en question, on a décidé que c'était mieux qu'il ne vienne pas à Cannes", a réagi le réalisateur auprès de l'AFP.
Un vice-président de l'Acid a également été "mis en retrait" après avoir été accusé de violences sexuelles par une jeune femme lors d'une réunion publique à Cannes.
Neuf ans après sa dernière apparition officielle, Kevin Spacey, accusé d'agression sexuelle, revient à Cannes pour recevoir un prix honorifique, déclenchant un malaise sur la Croisette. L'acteur, connu pour ses rôles dans Usual Suspects, American Beauty et House of Cards, a reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière, décerné par la fondation Better World Fund, indépendante du rendez-vous cannois. La fondation a expliqué avoir invité l'acteur américain, acquitté d'accusations de violences sexuelles en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, parce qu'il a été "blanchi par la justice".
