"J'ai envie de défendre ce que je suis" : Hoshi se confie sur son lesbianisme et l'homophobie

Publié le Jeudi 17 Juin 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Hoshi au concert des Revelations des Victoires de la Musique le 13 janvier 2020, Paris
Hoshi au concert des Revelations des Victoires de la Musique le 13 janvier 2020, Paris
Interviewée par le magazine "Têtu", la jeune chanteuse Hoshi s'est confiée sur la lesbophobie dont elle est victime - en plus d'éveiller le sexisme des boomers.
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"Nous sommes Hoshi, autrice compositrice lesbienne, qui roule des pelles à une meuf en prime time sur France 2, en chantant son hymne guerrier et viscéral, 'Amour censure', adressé à La Manif pour tous". Voilà le message que clame Têtu, le magazine des cultures LGBTQ, en érigeant en Une de son dernier numéro la jeune chanteuse française.

Dans les pages de la revue, celle-ci revient sur sa condition de chanteuse lesbienne, dans une sphère musicale hexagonale plutôt hétéronormée. "Faire de la musique et défendre des causes comme la PMA pour toutes vont ensemble. Derrière nos personnages, nous sommes des êtres humains. En tant que femme lesbienne en France, j'ai aussi envie de défendre ce que je suis au-delà de ma musique", déclare-t-elle. Avant d'ajouter à l'adresse de son audience : "Et si ça peut aider des jeunes à aller mieux, je le fais avec d'autant plus de plaisir".

Une fierté qui n'est pas sans incidences révoltantes. Ainsi sa prise de position contre la Manif pour Tous, et le baiser qu'elle a échangé sur la scène des Victoires de la musique, lui vaut encore insultes et menaces de mort. "C'est dur pour moi, mais ça l'est aussi pour mon entourage. Ma mère peut faire une crise d'angoisse dès qu'elle voit quelque chose de négatif à mon propos. Des gens ont également tenté de la trouver", témoigne Hoshi.

"Je ne veux pas lâcher"

Cependant, Hoshi ne regrette pas d'avoir écrit un morceau aussi personnel que Amour Censure, qui évoque justement cette lesbophobie trop ordinaire. "Forcément ça a été un peu difficile au début mais, en réalité, ça m'a libérée. Ce titre a vraiment été ma thérapie", affirme-t-elle. Tout en précisant qu'elle a porté plainte contre ses cyber-harceleurs. "L'enquête est toujours en cours, et il va y avoir un procès. Je ne veux pas lâcher, parce que je tiens à ce que cette histoire serve d'exemple", détaille-t-elle encore dans les pages du magazine Têtu.

Si la visibilité des artistes lesbiennes ou bisexuelles semble s'améliorer en France à travers une nouvelle génération de chanteuses, comme Pomme ou Angèle, une lesbophobie systémique perdure quant à elle au sein du pays. "La Manif pour tous continue ses actions, et l'État le tolère. Le sentiment d'oppression que suscitent ces personnes est toujours là", déplore à ce titre celle qui a aussi l'habitude de subir le sexisme crasse des boomers.

"Au placard mes sentiments / Surtout ne rien dire, et faire semblant / Être à part, un peu penchant / Au bout du navire, je coule doucement", chante Hoshi dans Amour Censure. Aujourd'hui plus que jamais et malgré la tempête, la chanteuse est bien décidée à maintenir le cap.