Caissière, livreur, pharmacien : ce compte Insta célèbre les personnes en première ligne

Publié le Jeudi 16 Avril 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Brèves de quarantaine, le compte Instagram qui honore les personnes en première ligne
Brèves de quarantaine, le compte Instagram qui honore les personnes en première ligne
Un soir sur deux à 20 heures, pendant quelques minutes, l'équipe de Brèves de quarantaine dresse le portrait de ceux et celles "qui continuent", malgré l'épidémie et un pays presque à l'arrêt. Par obligation pour beaucoup, par envie d'aider pour d'autres. Un projet qui donne la parole aux caissier·e·s, livreur·se·s, pharmacien·ne·s, non-confiné·e·s pour notre bien et contre le leur.
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Derrière Brèves de quarantaine, il y a trois noms. Julie Tomeï la journaliste, Romain Manon et Gaspard Charpentier, les chef-opérateurs. Toute la semaine, ils et elle parcourent les rues vides de Paris pour aller à la rencontre (dans le respect des distances de sécurité) des hommes et des femmes pour qui le confinement est un luxe.

Il y a Kevin, livreur pour Amazon, qui lance : "Tout s'effondre si on n'est pas là. C'est nous le moteur". Il continue de travailler pour nourrir sa famille, seulement muni de quatre paires de gants par jour fournies par l'entreprise. Maholy, 20 ans, est aussi dehors. Ou plutôt, à la caisse d'un supermarché du XIe arrondissement de Paris. Elle met une heure de transports à rejoindre son poste depuis chez elle. Elle a pris ce "petit job il y a deux ans" en parallèle de sa 3ème année de licence en Sciences de l'éducation.

Maholy veut "permettre aux gens d'acheter à manger", et travaille plus pour combler le manque d'employé.e.s. Elle trouve que la situation fait parfois ressortir le bon chez les client·e·s, qui se montrent plein·e·s d'attentions. Certain·e·s "nous donnent des masques", confie-t-elle. On suit aussi Gaspard, caviste improvisé livreur à vélo, Julie, membre d'une association d'aide aux sans-abris et aux migrants, Julien, pharmacien, ou encore le prêtre de Saint-Ambroise, qui diffuse ses messes sur Youtube depuis l'autel.

Ces tranches de vie illustrent la France qui ne peut pas rester chez elle, grâce à qui la vie tourne encore. Julie Tomeï explique que l'initiative leur est venue d'une envie de "documenter une période qui entrera dans les livres d'Histoire". "Alors on s'est dit qu'on allait faire ce que l'on sait faire : raconter et filmer", poursuit-elle. "Le fait que ce projet soit bénévole lui donne tout son sens, on a l'entière liberté de filmer ceux que l'on souhaite, ceux que l'on voit rarement à la télévision, sans être soumis à des courbes d'audiences par exemple".

Et puis, il y a aussi l'envie de proposer "un regard positif et différent sur la crise", pour "sortir du flux d'informations anxiogènes qui envahit nos télé". Pari réussi, les portraits émeuvent et mettent en valeur les femmes et les hommes qui ont choisi - ou non - de sortir pour le bien commun. A voir et à suivre.