Le youtubeur Léo Grasset visé par une enquête pour viol et de nouveaux témoignages

Publié le Mercredi 30 Novembre 2022
Maïlis Rey-Bethbeder
Par Maïlis Rey-Bethbeder Rédactrice
Maïlis Rey-Bethbeder aime écrire, le café, traîner sur les réseaux sociaux et écouter de la musique. Sa mission : mettre en lumière les profils, les engagements et les débats qui agitent notre société.
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Le Youtubeur Léo Grasset, connu pour ses vidéos de vulgarisation scientifique, est visé par une enquête pour viol et par cinq nouveaux témoignages, révèle Médiapart. Le vidéaste faisait déjà l'objet d'une enquête préliminaire pour "harcèlement sexuel".
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Léa, étudiante en journalisme à Sciences Po de 22 ans, rencontre Léo Grasset, alias "Dirty Biology", célèbre youtubeur spécialisé dans les vidéos de vulgarisation scientifique, lors du festival de journalisme de Couthures dans le Lot-et-Garonne, à l'été 2021. Ils s'échangent alors quelques messages épisodiquement.

Quelques mois plus tard, dans la nuit du 1er au 2 novembre 2021, la jeune femme rentre en VTC à l'hôtel avec le vidéaste, après une soirée arrosée chez des amis communs. Pendant le trajet, il l'aurait embrassée. "Je le laisse faire, je suis complètement absente. (...) Je ne me rappelle pas sortir de la voiture, ni monter dans sa chambre d'hôtel.", raconte-t-elle à Mediapart.

Dans la chambre, Léa se serait endormie tout de suite. Léo Grasset l'aurait alors pénétrée sans son consentement.

"Je me réveille en sentant des doigts dans mon sexe au milieu de la nuit. Je suis tétanisée", a-t-elle raconté dans sa plainte pour viol dans un courrier envoyé au procureur de la République de Paris le 24 novembre, consulté par Mediapart. Elle explique qu'elle aurait été "pénétrée", précisant être restée "immobile et muette". L'étudiante aurait demandé au youtubeur, "dans un moment de lucidité", "de mettre un préservatif". "T'inquiète", lui aurait-il répondu, sans en mettre.

"Je suis tétanisée"

Léa décrit un "trou noir total" et explique s'être sentie "perdue" le lendemain matin. Elle a raconté s'être rapidement confiée sur l'agression auprès de ses proches et de sa conseillère pédagogique à Sciences Po avant de finalement porter plainte.

Léo Grasset, 33 ans, est déjà visé par une enquête préliminaire, ouverte en juillet dernier après la plainte déposée par la youtubeuse Clothilde Chamussy, alias "Passé sauvage", pour "harcèlement sexuel". Selon le parquet de Lyon, la procédure serait toujours en cours.

Médiapart avait recueilli dans le cadre d'une enquête parue en juin le témoignage de plusieurs autres femmes, qui avaient fait état de violences psychologiques et de phénomènes "d'emprise" de la part du vidéaste. Une autre jeune femme avait également accusé Léo Grasset de viol, sans porter plainte.

"Problèmes de respect du consentement"

Depuis, Médiapart affirme avoir entendu quatre autres femmes, deux faisant état de "problèmes de respect de leur consentement", rapportant avoir été "incitées" à des rapports sexuels non protégés.

Ainsi, Laura (tous les prénoms ont été modifiés) raconte avoir commencé à fréquenter le vidéaste dès 2017. Au printemps 2018, elle dort chez un ami du youtubeur après une soirée, tout comme Léo Grasset aussi. "Je lui ai dit que je ne voulais pas qu'il se passe quelque chose, affirme la jeune femme. Il m'a dit de ne pas m'inquiéter, qu'on faisait juste un câlin. Puis il a commencé à essayer". Le trentenaire aurait insisté à plusieurs reprises. "C'est devenu comme une sorte de jeu de domination. Au final, il m'a prise par les poignets, bloquée et y est allé", a relaté Laura. Elle souligne avoir dit "non" ce jour-là pour des "raisons morales" vis-à-vis de son petit ami et que "ça a dérivé sur un truc consentant".

Sonia a pour sa part évoqué plusieurs rapports sans préservatif qui l'auraient surprise. "C'était un des rapports sexuels que je désirais, je ne me suis pas sentie abusée, mais le rapport non protégé, ça, je ne le voulais pas", a-t-elle affirmé.

Les deux autres sources, qui ont souhaité elles aussi préserver leur anonymat, ont évoqué des "chauds-froids", et une "insistance, à des degrés différents, au moment de la séparation et/ou après la rupture", décrit Médiapart. Pour l'heure, aucune de ces quatre femmes n'envisage de porter plainte.

Contacté, Léo Grasset n'a pas souhaité répondre aux questions de Médiapart. Il a cependant fait savoir par l'intermédiaire des ses avocats, Fares Aidel et Camille Loyer, qu'il "conteste fermement les accusations" mais "n'entend pas intervenir dans le cadre de cet article et apportera ses réponses aux autorités judiciaires compétentes".

Le 19 novembre dernier, le vidéaste avait publié une longue vidéo dans laquelle il niait toute violence sexuelle. Il y indiquait avoir "trompé", "menti", et évoquait des "remords" pour "quelques années chaotiques".