Bilamé, 25 ans, "a pris conscience" (comme elle le dit) qu'elle était lesbienne il y a peu de temps. La faute à ce satané patriarcat sans doute, au manque de représentation aussi. Depuis, elle a décidé de donner de la voix avec ParlonsLesbiennes et de proposer un joyeux "voyage au pays des gouines" sur ses réseaux sociaux. Avec humour, elle s'applique à expliquer, dédramatiser, conseiller, déconstruire les clichés. Et distille avec espièglerie des tips sexo aux filles qui s'aiment.
Nous avons échangé avec cette créatrice qui veut "aider le maximum de personne à s'accepter telles qu'elles sont".
Bilamé : J'ai pris conscience que j'étais lesbienne en 2018. Au départ, je ne m'identifiais pas comme lesbienne. Je parlais de "fantasmes" lorsque j'évoquais les femmes, puis, je suis tombée amoureuse de ma meilleure amie et c'est lorsque j'ai passé ma première nuit avec elle que ma vie a complètement changé ! J'ai enfin compris que j'aimais uniquement les femmes.
B. : Les premières personnes à qui j'en ai parlé sont mes deux meilleurs amis. Pour moi, c'était une évidence de leur en parler car ils faisaient déjà partie de la communauté LGBTQ+, et nous avions déjà eu plusieurs discussions à ce sujet. Puis, je l'ai annoncé à ma mère et enfin à ma famille et au reste de mes ami·e·s qui l'ont pour la plupart relativement toutes et tous bien accepté. Ils ont compris, surtout grâce à mon compte Instagram, que ce n'était pas quelque chose que nous pouvions choisir et que c'était normal. Parfois, ma mère m'envoie même des comptes LGBT+ maintenant (rires) !
B. : Plus jeune, je dirais que j'ai énormément souffert du manque de représentations. Je pense que, s'il y avait eu plus de personnages fictifs queers, j'aurais mis beaucoup moins de temps à m'identifier en tant que femme lesbienne. Je pense que j'ai toujours su au fond de moi que j'aimais les femmes, mais il était impossible pour moi de mettre un mot dessus car je n'avais aucune connaissance sur le lesbianisme, ça n'existait tout simplement pas dans ma vie...
B. : En fait, je ne dirais pas que c'était compliqué, mais ça n'existait pas dans ma vie. Donc c'était un sujet que je n'osais pas vraiment aborder... C'est vraiment au lycée, quand j'ai fait la rencontre de mes amis très ouvert sur la question, que j'ai enfin pu en discuter et que j'ai pu me renseigner sur les questions relatives à l'orientation sexuelle.
B. : L'invisibilisation des lesbiennes est vraiment quelque chose contre laquelle je milite au travers de mes différents comptes (Instagram, Tiktok, Facebook, Youtube et mon site internet). Mes rôles-modèles, lors de mon coming out, ont été majoritairement l'ensemble des personnages fictifs de la série The L Word, c'est vraiment cette série qui m'a permise de m'accepter comme j'étais.
B. : Au travers de mes réseaux sociaux, je suis malheureusement confrontée à la lesbophobie quasiment tous les jour : les remarques fusent plus après certains posts que d'autres. C'est malheureusement une réalité aujourd'hui, beaucoup ne sont pas prêts à accepter que deux femmes qui vivent ensemble et sont heureuses sans un homme fait partir de la "normalité"...
Dans le monde dit "réel", j'ai aussi été témoin de lesbophobie, une fois, à mon travail il y a quelques années, on discutait du mariage, et une de mes collègues qui à l'époque ne savait pas pour moi a dit : "Ca me dégoûte, ces mariages où les femmes se déguisent en homme", "Je plains les pauvres parents" "Moi, j'aurais honte d'avoir une fille lesbienne". A l'époque, je n'ai pas osé dire quelque chose, mais je suis partie de table outrée et j'ai prétexté avoir eu une urgence tellement j'étais en colère.
Ensuite, beaucoup (trop) d'hommes en soirée (soirée que je ne fréquente plus soit dit en passant), me disent que si je "suis lesbienne c'est parce que je n'ai pas connu le bon", "que je n'ai pas eu le bon mec"... Une fois, un mec a essayé de me forcer et a eu des gestes déplacés pour que j'ai un rapport avec lui, il a mis ça le lendemain sur le fait qu'il était "trop alcoolisé", mais c'est vraiment quelque chose qui m'a marquée.
B. : Au risque de décevoir beaucoup des personnes qui me suivent, oui, j'ai encore peur, mais j'essaye de ne plus avoir peur justement ! Depuis que j'ai appris que certaines de mes ami·e·s s'étaient fait agresser au couteau pour s'être embrassées, je fais attention. J'essaye d'avoir des gestes affectueux dans des endroits avec du monde ou de manière globale dit "safe". Mais je ne suis pas de celles qui sont très proches avec ma compagne dans la rue, donc ce n'est pas quelque chose qui me pose problème.
Je rêve du jour où je n'aurais pas à me poser la question du : "Est-ce qu'ici il y a assez de monde pour pouvoir embrasser ma chérie sans risquer de me faire frapper ?"