Comment j'ai enfin réussi à jouir en me masturbant (après des années d'échec cuisant)

Publié le Lundi 13 Mai 2019
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Comment j'ai enfin réussi à jouir en me masturbant
Comment j'ai enfin réussi à jouir en me masturbant
La masturbation féminine est un art à ne pas prendre à la légère. Et après des années à ne pas savoir quoi faire de mes dix doigts, j'ai enfin trouvé la clé de l'orgasme en solo. Amen.
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Il est 18 heures, on est dimanche, et ça fait une heure que je me frotte à un coussin placé entre mes jambes dans l'espoir de ressentir le sacro-saint plaisir solitaire dont tout le monde parle, en vain. Confession intime : je n'ai jamais réussi à me masturber jusqu'à l'orgasme.

Les seules fois où je me touche et que ça m'émoustille, c'est quand je caresse mon clitoris quasi-machinalement pendant un rêve érotique impliquant bien souvent une quelconque star de série (coucou Archie Andrews). Chacun son truc.

Sinon, j'ai toujours l'impression d'être bloquée, de ne pas réussir à dépasser un certain point d'excitation qui finit pas retomber comme un soufflé. Alors, dans une ère de libération de la parole autour de la masturbation féminine (au demeurant géniale et nécessaire), je me sens un peu anormale. Et jalouse de celles qui n'ont besoin que de leurs doigts pour grimper aux rideaux.

Et puis sachant que je mène une relation à distance depuis quelque temps, acquérir davantage de compétences dans le domaine pourrait me servir plutôt deux fois qu'une. J'ai donc décidé d'un coup d'un seul de prendre le taureau par les cornes, et de bosser sur le sujet comme une dératée, jusqu'à ce que je puisse enfin crier victoire - au sens propre du terme.

La paume et le pommeau

Ça commence comme une fable de La Fontaine, et la morale qu'on puisse en tirer, c'est que tout vient à point à qui sait attendre.

Me voilà donc sur Internet à la recherche de conseils en tout genre pour me faire du bien. Je tombe sur deux-trois forums un peu louches, une bonne dizaine de conseils de magazines féminins et des guides pratiques en vidéo sur Pornovore, dont une intitulée "La sirène Heidi Romanova se masturbe au bord de l'eau", disponible en HD. Les joies de Google.

Je décide d'éplucher mes trouvailles l'une après l'autre. Beaucoup m'avisent des positions de doigts que j'arrive à peine à tenir tant la contorsion est douloureuse, ou des cadences effrénées qui me fatiguent d'avance. Le truc qui revient à chaque fois et qui me replonge en enfance en revanche (j'avais l'habitude de jouer avec à l'époque après avoir remarqué la sensation ma foi plutôt agréable qu'il procurait), c'est la technique du pommeau de douche - un peu comme Heidi.

D'après Top Santé, "les femmes peuvent aussi masser leur région génitale avec de l'eau". Ok, le terme "région génitale" ne me donne pas vraiment envie de baisser ma culotte, mais je persévère.

"Je suis couchée dans la baignoire et l'eau du robinet tombe sur mon pubis, mon clitoris et mon vagin. Plus l'eau est chaude, plus la pression est forte, et plus je jouis vite", raconte une interrogée. "Je dévisse la pomme de la douche pour que le jet sorte tout droit du tuyau. J'écarte mes petites lèvres pour exposer mon clitoris", confie une autre. Je prends note, un peu troublée, et je passe à la salle de bain.

Avant de poursuivre, petite mise en abîme : ma salle de bain faisant 2 m² et intégrant les toilettes, la cabine de douche est évidemment microscopique et l'affaire risque de finir en carnage aquatique.

Je commence par me laver normalement, puis je glisse le pommeau au niveau de ma vulve, les premières sensation sont très agréables, mais j'ai besoin de plus de pression. Je dévisse donc, comme conseillé, l'engin pour avoir le jet à sa source, que je dirige au plus près de mon clitoris. Ok, clairement, ça change la donne.

Seul souci, je rencontre le même problème qu'avant : je n'arrive pas à faire monter le plaisir crescendo. J'ai foutu de l'eau partout et zéro orgasme au bout de plusieurs minutes. Je ne m'avoue pas vaincue pour autant et je me rappelle que lors de mes rêves érotiques, je caresse généralement mon sexe avec ma paume, pour plus de pression sur la zone.

Je place le bas de ma main en effectuant des cercles fermes et lents, et je glisse le pommeau par en-dessous : double astuce. Et là, je ne sais pas si l'association des deux a réussi à créer une sorte de geyser maison ou si la chaleur mêlée à la buée m'a filé des hallucinations, mais je sens le plaisir monter d'une force inqualifiable. Je continue de tourner ma paume sur mon clitoris, je garde tant bien que mal le pommeau en place et, mon dieu, je connais enfin mon premier orgasme en solo.

Mes yeux partent à la renverse, mes jambes tremblent, la sensation me rappelle exactement ce que je ressens quand je fais l'amour dans la douche avec mon mec, et j'en perds mes mots. Je suis aussi heureuse d'être venue à bout de ma mission pour ce que ça m'a fait ressentir que pour le fait d'avoir découvert encore plus mon corps.

Je sors de la salle de bain un peu étourdie - l'eau a jailli jusque sur le lavabo d'en face -, mais comblée, et surtout convaincue de ne plus jamais voir ma douche de la même manière.