Voici le palmarès merveilleusement féministe de la Mostra de Venise

Publié le Lundi 12 Septembre 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
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Alice Diop, Cate Blanchett et Laura Poitras sont les grandes gagnantes de la 79e édition de la Mostra de Venise. Un palmarès féministe et engagé qui nous réjouit.
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D'un côté le clan des perdants : les films produits par Netflix (Blonde d'Andrew Dominic, Bruit de fond de Noah Baumbach, Athena de Romain Gravas et Bardo d'Alejandro G. Iñárritu). De l'autre, les gagnantes : les longs-métrages réalisés par des femmes. Cette année, pour sa 79e édition, la Mostra de Venise et son jury présidé par l'actrice Julianne Moore, ont décidé de célébrer des oeuvres fortes, politiques, percutantes. Et nécessaires.

Du brillant Saint-Omer d'Alice Diop au documentaire sur la photographe Nan Goldin, All the Beauty and the Bloodshed, en passant par le prix d'interprétation pour Cate Blanchett, le palmarès est aussi puissant que réjouissant.

"Nous ne nous tairons plus"

Couronnée du Lion d'Argent, Grand Prix du Jury, et du Lion du futur pour Saint-Omer (l'histoire d'un procès pour infanticide où la réalisatrice "sonde le mystère, la force et la folie d'être mère, de manière à la fois précise et dense", développe Télérama), la Française Alice Diop a livré un discours bouleversant sur scène.

"Je me dis qu'il y a une histoire de transmission, de sororité, de passage de relais dans ce film si féminin, et ça me touche énormément", a-t-elle déclaré en évoquant son admiration pour Julianne Moore. "Quand je tournais Saint-Omer, il y a un livre qui était mon livre de chevet, que je lisais tous les soirs et qui me donnait de la force. C'est un livre de la poétesse Audre Lorde, qui s'appelle Sister Oustider, (...) et je crois qu'elle dit, en parlant des femmes noires : 'Notre silence ne nous protègera pas'. Et j'ai envie de dire ce soir que nous ne nous tairons plus".

Cate Blanchette a également fait sensation dans Tàr, de Todd Field, où elle incarne brillamment une cheffe d'orchestre lesbienne. Comme l'actrice Taylor Russell dans le dernier Luca Guadagnino (Call Me by Your Name), le film Bones and All, qui a remporté le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir.

Et concernant le fameux Lion d'or, c'est la documentariste Laura Poitras qui l'a raflée. Son enquête autour de l'artiste-photographe Nan Goldin, sur fond de scandale autour des opiacés qui font des centaines de milliers de morts outre-Atlantique, a conquis le jury du festival.

En remportant la récompense suprême, la cinéaste américaine s'inscrit dans le sillon de Chloé Zhao (Nomadland) et d'Audrey Diwan (L'Evénement). Cette année, c'est la troisième édition consécutive qu'une femme la décroche. Pourvu que ça dure.

Le palmarès de la Mostra de Venise dans son intégralité :

Lion d'Or
All the Beauty and the Bloodshed, de Laura Poitras
Lion d'Argent, Grand Prix du Jury
Saint-Omer, d'Alice Diop
Lion d'Argent, Prix de la meilleure réalisation
Luca Guadagnino pour Bones and All
Coupe Volpi pour la meilleur actrice
Cate Blanchett dans Tár, de Todd Field
Coupe Volpi pour le meilleur acteur
Colin Farrell dans Les Banshees d'Inisherin, de Martin McDonagh
Prix du meilleur scénario
Martin McDonagh pour Les Banshees d'Inisherin
Prix spécial du jury
Les Ours n'existent pas, de Jafar Panahi
Prix Marcello Mastroianni pour le meilleur acteur espoir
Taylor Russel dans Bones and All, de Luca Guadagnino
Lion du futur (prix de la première oeuvre de fiction)
Saint-Omer, d'Alice Diop