Votre "crush" ne vous le rend pas ? 5 façons de déscotcher

Publié le Vendredi 23 Octobre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
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Votre crush ne vous le rend pas ? 5 façons de déscotcher
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Le terme "crush" se traduit en français par "béguin", ce joli mot désuet qui mériterait de revenir sur le devant de la scène. Ou plutôt "avoir le béguin pour quelqu'un". D'après Google, ça signifie ressentir un "amour vif et passager". Une micro-romance intense, qui part comme elle est venue, et qui fond aussi vite que neige au soleil.

C'est plus qu'une simple attirance physique, moins qu'un coup de foudre. Un petit coup de coeur, si vous préférez. Qui nous laisse entrevoir une potentielle histoire, un premier baiser peut-être, ou encore quelques rendez-vous sympathiques et - ose-t-on l'espérer - plus concluants et flatteurs que ce qu'inspire un piètre "tu fais quoi ?" à 4 heures du mat' reçu sur Tinder. Généralement, cela concerne quelqu'un qu'on ne connaît pas (encore) très bien.

Le béguin a deux issues : la réciprocité des sentiments et la concrétisation de nos rêves les plus fous, et l'échec. Cuisant. Le rejet qui signe la fin, brutale et précoce, d'un futur pourtant si prometteur. Enfin dans notre tête. On en était sûre à l'époque, ses regards lancés dans notre direction à la cafet' semblaient peut-être furtifs mais signifiaient beaucoup. On découvrira par la suite qu'ils signifiaient surtout beaucoup à notre voisine de table, l'heureuse élue de son coeur. Et le nôtre saigne un peu.

Plus sérieusement, la situation - même si aucune rupture n'est réellement à déplorer - fait mal. A l'ego, surtout. On ne peut pas vraiment dire qu'on doit faire le deuil d'une personne qui a beaucoup compté pour nous (au-delà de quelques échanges et projections intimes sur sa personnalité, l'a-t-on seulement connu·e ?), mais plutôt panser nos plaies après ce dénouement d'un genre particulier. Et aussi s'occuper de cette petite voix intérieure qui en profite pour user de son mécanisme favori : l'auto-dépréciation, ou le fait de se dévaloriser allègrement.

"Lorsque nous sommes blessées, nous avons tendance à nous sentir plus vulnérables, ce qui signifie que nous pouvons faire des hypothèses plus négatives sur les raisons pour lesquelles cette personne s'est sentie comme elle l'a fait", détaille Shannon Chavez, psychologue et sexothérapeute, à Women's Health. Comprendre : nous a jetée sans un regret, sans un regard sur notre désespoir. "Cela se traduit souvent par le sentiment de ne pas être attirante, intelligente, gentille ou digne d'amour".

Parce qu'on n'identifie que trop bien cet état d'esprit nocif et surtout complètement infondé, et qu'on sait combien, parfois, on a besoin d'un coup de main pour zapper l'objet de nos désirs, voici quelques moyens d'y arriver. Cinq, exactement.

Accepter la déception

Bon voilà, il·elle ne veut pas de nous. C'est plutôt clair, on a saisi le message. Pourtant on pensait avoir une touche costaud, et non : retour à la case départ soit à une vie sentimentale proche du néant. Le truc dont il faut se rappeler dans ces moments-là, c'est que ce n'est pas la première fois.

On a déjà repéré quelqu'un·e qui nous plaisait beaucoup par le passé, on s'est déjà pris un mur, on a déjà broyé du noir pendant quelque temps, on s'est déjà relevée. Et aujourd'hui, de ces histoires-là, on en rit, souvent. Parce que finalement elles ne comptaient pas tant que ça, et qu'il s'agissait davantage d'une déception que d'un véritable coup de cafard.

Justement, cette déception, plusieurs expertes invitent à la vivre pleinement. A accueillir les émotions qui en découlent, sans s'attarder mais sans les retenir non plus. "Accepter ce que vous ressentez, sans jugement, est la seule façon de passer de l'autre côté", assure Lesli Doares, thérapeute conjugale et familiale agréée, au magazine américain. "S'empêcher d'avoir des sentiments ne va pas aider". Elle explique également que, bien que se tourmenter éternellement n'est pas le but (clairement), il est important de "vous donner le temps et l'espace nécessaires" pour digérer.

Eviter les contacts en ligne et IRL

L'avantage avec les réseaux sociaux, c'est qu'on ne perd plus personne de vue. L'inconvénient avec les réseaux sociaux, c'est qu'on ne perd plus personne de vue non plus. En trois clics, on peut se retrouver à stalker celui ou celle qui occupe un peu nos pensées, qu'il·elle soit dans le bureau d'à côté ou en quarantaine à l'autre bout du pays. Et puis sa nouvelle copine tant qu'à faire. Et sa soeur. Et le chien de sa mère.

On sombre dans un trou noir d'informations inutiles qui nous empêche d'avancer et embue notre esprit. Ça frise l'obsession. "L'exposition constante à leurs publications digitales donne l'illusion qu'il·elle fait toujours partie de votre vie alors que ce n'est pas le cas", lâche la psy.

Ça se traduit aussi en dehors du virtuel, quand on fait tout pour prendre le même ascenseur, pour se retrouver aux mêmes apéros, pour aller se resservir un verre au même moment. "Chaque fois que vous verrez cette personne, cela provoquera un déclic émotionnel", explique à son tour Dr Barton Goldsmith. "Ces déclics ne sont pas confortables. Pourquoi vous infliger ça ?" Sûrement à cause d'une logique implacable : plus on sera dans les parages, plus il y a de chance qu'il·elle finisse par succomber à notre charme.

Non.

Arrêter de l'idéaliser

Souvent avec ce genre d'histoires, les sentiments que l'on croit naissants et sincères sont en réalité une projection, une somatisation de notre envie irascible d'être en couple. Alors qu'en fin de compte, on ne prend pas vraiment le temps de se poser deux secondes et de lister toutes les raisons - rationnelles ou pas - pour lesquelles on apprécie cette personne. C'est ce qu'elle représente, qui nous attire, ce qu'on fantasme.

En gros : on l'idéalise, elle, sa prétendue perfection, et ce que serait notre vie si elle en faisait partie. Alors que le Dr Barton l'affirme, et conseille de s'accrocher à cette phrase comme à une bouée de sauvetage indispensable dans cet océan de sentiments éprouvants et parfois un peu trompeurs : "Elle n'est pas parfaite".

Savoir qu'on n'est pas seule

Et ça vaut pour plusieurs cas de figure. On n'est pas seule à l'avoir vécu, et on ne doit pas gérer ça seule non plus. Exposer ce qui nous attriste et nous chagrine à un·e proche permet d'éclaircir la situation, de mettre le doigt sur les raisons pour lesquelles on se sent toute nulle, d'analyser pourquoi ce rejet est si dur à avaler. Et d'agir en fonction.

En se confiant et en écoutant les autres, on découvre aussi leurs histoires. Ce qui nous permet de réaliser que la nôtre est loin d'être isolée. Que notre meilleure amie, notre cousine, notre frère aussi, on connu les affres de la non-réciprocité, et l'ont surmontée. De quoi puiser d'autres précieux conseils qui pourraient nous rendre les choses plus faciles et s'attaquer aussi à un problème plus personnel : notre estime de soi un peu en vrac et la façon dont on la remet en question à la moindre contradiction. Là encore, pas de culpabilisation, juste une piste à étudier.

Se distraire autant que faire se peut

"Ruminer ne sert qu'à se prendre la tête", garantit la psy Lesli Doares. Pour ne pas rester coincer dans une boucle toxique à ressasser les mêmes évènements, les mêmes détails encore et encore, il faut divertir son esprit. Le forcer à penser à autre chose, pour passer à autre chose. En s'attelant à des activités qui nous rendent heureuses, poursuit l'experte. Et qui nous plaisent sincèrement.

Du yoga, un brunch, une soirée pyjama (on adapte comme on peut au couvre-feu)... "Plus vous aurez de plaisir à vous éloigner de votre coup de coeur [ou de vos pensées à son sujet], plus vous avancerez rapidement dans le processus de deuil".

Autre option : se focaliser davantage sur son bien-être personnel. "Profitez de ce temps pour vous concentrer sur vos objectifs, sur ce que vous pouvez contrôler", recommande-t-elle. Et sexuel. "Au lieu de fantasmer sur ce possible rapport que vous auriez pu avoir avec l'autre, essayez d'explorer les fantasmes que vous avez avec vous-même", encourage Shan Boodram, éducatrice en la matière.

Et honnêtement, quoi de mieux qu'une soirée à se faire du bien avec ses propres mains pour oublier celui·celle qui n'aura jamais le privilège de s'y attarder ?