






On l'appelle Liza Del Sierra mais son vrai nom est Émilie Delaunay.
Elle est infirmière, mais également maman comblée, ex-actrice p*rno et productrice de films X dits "éthiques", c'est à dire, de films pour adultes qui, animés de convictions féministes, veillent à respecter le consentement de leurs actrices, notamment en faisant appel, pour certaines productions, à des coordinatrices d'intimité. Et également, à proposer une vision de la sexualité plus focalisée sur le plaisir féminin, mise en scène par des femmes. Des cinéastes comme Erika Lust et Anoushka (que Terrafemina a interviewé longuement ici) en témoignent.
Liza Del Sierra a décroché son diplôme de médecine. Mais des années durant, elle fut actrice de films pour adultes. Et auparavant encore, elle "adorait", dit-elle, "bosser dans les peep shows, les bars à striptease et les clubs". Aujourd'hui, elle explique être présente sur OnlyFans. Et tout cela, elle le relate dans le podcast 4h12, dédié aux insomniaques, invoquant des invités très éclectiques à chaque épisode.
Or quand la travailleuse du sexe prend la parole, c'est pour mettre les points sur les i...
Et témoigner sans filtre : "J'avais une appétence très tôt sur le fait d'être indépendante et de gagner ma vie. Je bossais dans des bars. Et un jour je suis montée sur le bar en question pour y danser. Et quand j'ai vu que je pouvais me foutre à poil et être payée pour ça, en tant que danseuse, j'ai trouvé ça génial !..."
Emilie Delaunay revient longuement sur sa trajectoire.... Et le regard de la société sur ses choix.
"Me retrouver go go danseuse à Bordeaux, puis rencontrer des acteurs, des actrices ensuite, et commencer une carrière dans le X, j'ai trouvé ça trop cool... Je faisais du peep show et on me proposait des photos, alors qu'avant j'étais juste la pote, la bonne copine, pas du tout la belle meuf, j'avais pas une vie sexuelle démesurée... On a commencé soudainement à me parler de mon corps, du fait que j'étais jolie et attirante"
Elle relate aussi avec une certaine verve son expérience d'actrice X très "différente" aux Etats-Unis, par rapport à son expérience en France, notamment auprès de Marc Dorcel : "On te propose sur les plateaux des scènes très précises, très frontales, on veut des gros seins, des gros culs, de l'huile, tu as une heure, tu dois te lancer, et surtout tu dois tenir physiquement... J'y allais pour faire la plus belle scène possible. Moi j'ai vécu ça très bien comme profession personnellement"
Mais elle ne s'arrête pas là...
Émilie Delaunay souhaite surtout briser les préjugés tenaces sur les travailleuses du sexe.
Et surtout, le slut shaming : le fait d'insulter les femmes en fonction de leur sexualité supposée, de leur profession (ici, ex actrice de films X, réalisatrice et productrice désormais, créatrice de contenus pour adultes) mais également, sur leur tenue, leur attitude, leurs propos... Une misogynie qui ne dit pas son nom et se retrouve aussi bien dans la bouche des hommes, que dans celle des femmes.
Des personnalités comme Zahia, féministe pro sexe influente, défendent à l'unisson la condition des "TDS".
Et le respect des femmes, quelle que soit leur profession. Bien des personnes concernées souffrent effectivement, détaille Zahia dans ses prises de parole, de la "putophobie" : une haine anti travailleuses du sexe globale qui explique également pourquoi chaque mot associé à cette thématique... Est une insulte quand le terme se destine aux femmes - celui de "p*te" ayant droit à bien des déclinaisons inspirées.
Zahia Dehar, sur la détestation sociale envers les femmes à la sexualité décomplexée : "On met les femmes dans des catégories et les femmes qui ont le malheur d’être dans cette catégorie de "mauvaises femmes", dans ces cas-là, la société leur fait payer un prix qui est énorme, qui est horrible... Mais pourquoi être une p*te c'est mal ? Pourquoi être une traînée, c'est mal ?... une traînée, une dévergondée... Pourquoi tout ça c'est mal déjà ? Ceux-là mêmes qui t'insultent, ils ne savent pas !"
Avoir été stigmatisée, c'est le cas de l'ex actrice, qui a pu faire l'expérience de la misogynie.
Or, l'oratrice assume son passé, sa profession actuelle... Et sa vie de maman qui va avec.
Aujourd'hui, elle propose des contenus de charme. Elle détaille : "Aujourd'hui des plateformes de contenus pour adultes populaires comme OnlyFans me permettent de me consacrer à fond à ma vie de mère, à ma maison, mais aussi à mes engagements politiques. Je suis la maman la plus chanceuse du monde !"
"Mym et OnlyFans financent le toit sur notre tête, je n'aurais pas autant de temps et de liberté sans ça"
Liza del Sierra tient cependant à nuancer ses propos.
"Mais j'ai fait le choix de m'exposer en ce qui me concerne. J'ai subi des jugements, ceux de la société, mais aujourd'hui je suis en adéquation totale avec mes décisions et ma vie... Cependant, ne vous lancez pas là dedans si vous pensez avoir la même chose que moi. J'ai une carrière, j'ai une longévité, je sais qui vient consulter mes vidéos. Ce n'est pas pour tout le monde"
A l'écouter ainsi dans le podcast 4h12, on pense à d'autres mots.
A savoir, ceux de Clara Morgane. L'ex star du X, aujourd'hui danseuse et autrice, clamait récemment : "je prône le concept que la liberté est ce qu’il y a de plus féministe en tant que femme... C’est-à-dire qu’être libre et de pouvoir s’exprimer, de s’exhiber, d’être maman, tout à la fois, comme la sainte et la pute. Alors qu'on veut nous catégoriser, soit dans une catégorie soit dans l’autre".