Rima Hassan fait beaucoup réagir au sein de la sphère politique et médiatique. Et plus encore sur les réseaux sociaux où elle suscite d'exacerbées réactions.
Alors que ses prises de parole au sujet du conflit israélo palestinien sont abondamment commentées au gré des plateaux, des journaux et des tribunes, c'est souvent non sans un arrière fond de racisme et de misogynie que l'eurodéputée, figure parmi les plus mises en avant de La France Insoumise, se retrouve attaquée publiquement, et de manière plus insidieuse, au gré des commentaires anonymes qui évoquent sa personne.
Preuve en est ? Ces dernières heures, une photo intime, qui représenterait la femme politique en maillot de bain, circule sur Twitter. C'est ce que l'on appelle un "leak", la divulgation de photos ou informations privées. Dans le cas présent, la démarche semble ouvertement sexualisante et sexiste : elle s'apparente à une forme d'intimidation et de cyber harcèlement, dont l'objectif serait de porter atteinte à la personnalité et à sa crédibilité.
Cela, c'est notamment ce que dénoncent des voix féministes...
Ce "leak" à l'arrière fond sexiste et raciste a ouvert des débats.
Et éveillé de nombreuses critiques émanant des paroles intellectuelles, et féministes.
"Un maillot de bain, une élue, une image présumée privée. Il n’a fallu que quelques heures pour que le corps de Rima Hassan devienne le cœur d’une offensive en ligne. Depuis ce week-end, l’eurodéputée est ciblée sur X dans ce qui ressemble à une tentative de décrédibilisation par l’intime", dénonce ainsi le magazine ELLE...
Le féminin fustige plus encore ce qui, bien d'avantage qu'un "phénomène", fait écho à tant "d'humiliations" de femmes politiques illustres.
Démonstration est faite de cette misogynie trop normalisée, en donnant la parole à la politologue Marlène Coulomb-Gully, qui voit là, en cette divulgation, une situation hélas guère étonnante : "Ce qu’il faut retenir, c’est que c’est toujours sur le corps des femmes que s’exerce la domination masculine ! Ce corps devient le terrain privilégié des stratégies de décrédibilisation"
Rachida Dati, Ségolène Royal, Najat Vallaud-Belkacem, NKM, nombreuses furent les femmes politiques en France à subir qui plus est une sexualisation ou hyper sexualisation déplacée de leur personne, une situation qui s'exacerbe volontiers quand les victimes de cette sexualisation sont des femmes racisées, comme c'est le cas concernant Rima Hassan.
Et tant d'autres figures familières de la scène politique. On se souvient par exemple qu'il y a dix ans, l'ex ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem voyait sa personnalité commentée dans les pages du Point au sujet de... Son soutien gorge. Oui oui : "dessous chics", "ligne visible du soutif"... Ce qui a donné lieu à cette "mise au point" salvatrice de TF1 : "Quand "Le Point" s’excite sur le soutien-gorge de Najat Vallaud-Belkacem".
C'est aussi la démonstration du "boys club" que constitue la classe politique.
"Club masculin", encore aujourd'hui. C'est ce que dénonce d'ailleurs la journaliste et podcasteuse politique Léa Chamboncel sur Terrafemina : "dans le milieu politique, la solidarité masculine, la fraternité, elle, est excessivement présente et très structurée, puisque les hommes sont en nombre et que tout a été organisé autour de l'exclusion d'autres parties de la population minorisées".
"Le corps, la voix, les fringues… Tout est bon pour décrédibiliser les élues. Les femmes politiques ne peuvent jamais cocher la bonne case. Les surnoms qu’on leur attribue aussi sont très sexués : Arlette Laguiller était « la Vierge rouge », Ségolène Royal « la Madone », Sandrine Rousseau est comparée à Greta Thunberg ou qualifiée de « ménopausée »."
"On réduit leur existence politique à des stéréotypes genrés et sexualisés"
A Terrafemina, en 2022, on analysait justement l'enquête de Marlène Coulomb-Gully sur les femmes en politique, la manière dont leurs voix sont constamment silenciées, et également, la manière dont est jugée... Leur féminité. Insuffisante, ou trop "voyante", selon les regards masculins et misogynes.
Telle l'ex Première ministre historique Edith Cresson, "trop femme pour les uns, pas assez pour les autres, mauvais genre, victime de son absence de conformité aux attendus traditionnels de la féminité, qui veulent qu'une femme soit douce, discrète, modeste", écrit la politologue dans sou ouvrage.
On retrouvait déjà là une "fétichisation" qui dépasse de loin l'individualité des personnalités politiques en question... Et nous renvoie aux stéréotypes de genre les plus hyper conservateurs.