Pour Bruno Retailleau, les fillettes doivent jouer à la poupée et les garçons au camion

Publié le Lundi 10 Octobre 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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"Il faut préserver la conscience des enfants qui est absolument sacrée !". S'exprimant dans l'émission "Le Grand Jury", le président du groupe Les Républicains Bruno Retailleau a suscité la critique en recyclant des clichés sexistes.
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"Je ne veux pas qu'en maternelle, on dise à une petite fille qu'elle devrait jouer avec un camion ou un tracteur et à un petit garçon qu'il devrait avoir une poupée". Cette phrase aux grands airs de panique morale est bel et bien réelle : prononcée lors de l'émission Le Grand Jury ce 9 octobre, elle émane du sénateur et président du groupe Les Républicains Bruno Retailleau.

A en croire l'homme politique, "il faut préserver la conscience des enfants qui est absolument sacrée". Saine intention sur le papier. Mais en quoi assigner le bleu aux garçons et le rose aux filles, et refuser un poupon aux garçons ou des petites voitures aux fillettes sauvera-t-il les futures générations ? On est en droit de se le demander.

Cette sortie réac et déconnectée a d'ailleurs laissé les téléspectateurs pour le moins perplexes. "Bruno Retailleau ne va pas souvent en maternelle. Les enfants jouent à tous les jeux et on n'empêche ni oblige les garçons à jouer à la poupée ni les filles à jouer au coin garage. Ils le font car ils en ont envie", proteste notamment un internaute sous la publication du sénateur.

"Laisser les enfants jouer avec ce qu'ils veulent"

Nombreux sont les internautes à critiquer cette préoccupation hors-sol. "Les enfants en bas âge jouent indifféremment avec des jouets de tout type, sans qu'on leur impose quoi que ce soit. C'est justement votre 'conscience' à vous qui leur impose de choisir un jouet en fonction de sa couleur rose ou bleu ... N'inversez pas tout !", fustige en ce sens une voix anonyme. empêche de jouer avec un camion ou une poupée, arrêtez vos fantasmes", a réagi un autre internaute.

"On pourrait imaginer laisser les enfants jouer avec ce qu'ils veulent, non ? Ça pose quoi comme problème qu'un garçon joue à la poupée ou qu'une fille joue avec des camions ou tracteurs, à part montrer à Bruno Retailleau à quel point il est devenu vieux ?", a fait remarquer un autre.

Ce débat qui n'en est pas vraiment un a également engendré une réaction de l'Association Des Familles Homoparentales, qui s'est autorisée une légère réécriture. "On va vous aider Bruno Retailleau, essayez encore : 'Je ne veux pas qu'en maternelle, on refuse à une petite fille de jouer avec un camion ou un tracteur et qu'on refuse à un petit garçon de jouer avec une poupée. Il faut préserver la conscience des enfants qui est absolument sacrée'".

Et si on laissait les enfants tranquilles ? Plus précisément, et si on arrêtait de perpétuer les stéréotypes de genre qui leur sont imposés dès le plus jeune âge ? De nombreux rapports en appellent justement à bousculer ces codes vieillots. Cela fait par exemple quelques années que la "Charte d'engagements volontaires pour une représentation mixte des jouets", soutenue par le gouvernement, souhaite notamment des illustrations publicitaires de jouets non genrées et non-sexistes, au sein des magasins et catalogues.