J'ai testé pour vous : les cours de sexe tantrique en ligne

Publié le Lundi 04 Mai 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
J'ai testé pour vous : les cours de tantra en ligne
J'ai testé pour vous : les cours de tantra en ligne
Puisque tout est bon pour occuper sa routine de confiné·e, et que le principe m'intriguait depuis un moment, j'ai saisi l'occasion pour découvrir le tantra en ligne. Des modules qui mêlent méditation, respiration et plaisir, pour mieux jouir - ou se connecter à l'autre. Comment résister ?
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Le site Climax se présente comme une plateforme de streaming dédiée au plaisir féminin, avec 32 épisodes sur des thèmes divers dans lesquels on pioche allègrement. Masturbation, point G, zones érogènes... On clique, on lance une vidéo, et on se retrouve transportée dans un univers apaisant qui dirige nos gestes, nos caresses, nos pensées. Des mots dictés par une voix de femme, qu'on écoute lumières éteintes, comme pour s'immerger davantage dans notre propre intimité. Au mois d'avril dernier, le site a lancé six nouveaux épisodes axés autour du tantra. Trois en solo, trois en couple. Et parce que j'aime l'aventure, j'ai voulu tester l'introduction à cet art ancestral, issu de l'approche de Diana Richardson, connue comme l'une des enseignantes les plus expérimentées. Celle en couple, plus précisément, car plus on est de fous, plus on rit.

Si vous ne savez pas ce que signifie le tantra, ou du moins pas exactement, il s'agit d'une pratique inspirée de la religion hindouiste prônant l'ouverture spirituelle grâce à l'énergie sexuelle. Elle mêle principalement érotisme et méditation, pour des orgasmes plus intenses. De quoi attirer mon attention, celle de mon partenaire, et potentiellement d'un bon paquet d'entre vous. Oui car dès qu'il s'agit de cul, et de comment en profiter un max, vous répondez à l'appel. Et je vous comprends, la promesse est belle.

Revenons au sujet : le tantra. Honnêtement, je n'avais aucune idée d'à quoi m'attendre, à part peut-être que la pénétration n'était pas requise pour ressentir du plaisir pendant une session. Et qu'on devrait se mettre en tailleur, aussi. Sur ce point, j'avais raison.

Silence, douceur et plaisir

Il était 23 heures samedi soir quand on s'y est mis. On était déjà au lit (oui, on sait s'amuser, nous), épuisés de notre journée à ne rien foutre si ce n'est tenter de satisfaire notre mini-humain, et à deux doigts de repousser l'essai au lendemain. Et puis je ne sais plus trop pourquoi, peut-être le besoin de faire quelque chose ensemble - vraiment ensemble, pas de s'asseoir dans la même pièce et de s'atteler à des tâches individuelles (les Sim's 4, par exemple) - on a lancé la vidéo.

Au bout de quelques secondes d'une musique mystique et propre aux temps calmes, l'oratrice nous intime de s'asseoir en position du lotus pour la première session : Le bulletin météo. On s'exécute tant bien que mal, mon petit claquage à l'adducteur suite à une pratique du yoga trop intensive rendant l'installation les jambes écartées plus compliquée. Enfin, on y arrive. On se discerne à peine dans le noir. La voix (pas celle de Secret Story) nous demande de respirer de concert. Inspiration lente, expiration lente. Un procédé long (donc) qui a pour but d'établir une connexion profonde entre les deux participants.

On prend conscience du vide bienfaiteur jusqu'à ce qu'elle nous propose d'exprimer ce que l'on ressent. Sans jugement. "Cela peut-être 'j'ai mal au cou', ou 'je suis intimidé·e'", encourage-t-elle. Alors je me lance : "Je suis intimidée". Il renchérit : "Oui, c'est étrange mais c'est agréable". Ça nous fait sourire.

Le deuxième cours, baptisé La respiration en cercle, insiste davantage sur la pratique sexuelle. La position conseillée, celle du Yab-yum, implique que l'on s'emboîte : celui ou celle qui pénètre (c'est une option) est assis·e en tailleur, l'autre lui fait face et enroule ses jambes autour de son torse. Là, on travaille à nouveau sur notre respiration, en visualisant certaines parties de notre anatomie. Des zones qualifiées de pôle émetteur et de pôle récepteur. Chez l'homme, explique la voix, le pôle récepteur se fait au niveau du coeur, et l'émetteur au niveau du sexe. Chez la femme, le vagin représente le pôle récepteur et le coeur le pôle émetteur. Quand on inspire, on imagine un flux d'énergie rentrer dans notre récepteur, quand on expire, on diffuse un autre depuis notre émetteur. A deux, on crée un cercle imaginaire qui laisse naître un désir ardent. Ou simplement un bien-être apaisant.

Une connexion nécessaire

Dernier cours : La demande silencieuse. Ou comment montrer à l'autre ce que l'on aimerait qu'il nous fasse, sans dire mot. La voix précise que l'acte ne doit pas forcément être sexuel, qu'on peut très bien décrire une envie chaste. Une caresse du poignet, de la nuque, du genou. Peu importe ce qui nous passe par la tête, l'important est de le guider vers la zone. Et surtout de le faire sans crainte d'être jugé·e.

Dans l'état de fatigue où l'on se trouve tous les deux, on opte pour un massage crânien et une main dans le dos. Toujours en se concentrant sur nos respirations. Et l'action donne des frissons, accrus par la pleine conscience avec laquelle on l'entreprend. On pense uniquement à nos gestes, à l'air qui passe dans nos poumons, à l'énergie qui circule entre nos corps. Pour la première fois depuis quelques semaines : on se sent. Et ça fait du bien, d'être silencieux. De deviner la présence de l'autre par son simple souffle.

Finalement, notre expérience à tous les deux n'aura pas été aussi sexuelle que ce qu'on aurait pu penser. Simplement parce que notre esprit n'était pas disposé à faire l'amour ce soir-là. Mais elle n'en a pas été moins appréciée. Quand je lui demande ce qu'il en a pensé, mon mec répond : "C'est un peu déroutant d'avoir quelqu'un qui te guide dans une pratique qui t'est inconnue. Ça m'a fait penser à ma formation Excel. Mais en beaucoup plus réjouissant". Me voilà rassurée - quoique perplexe face à la comparaison.

Pour ma part, j'ai trouvé que cette petite demi-heure permettait de se reconnecter à l'autre, dans une période où l'actualité, le quotidien, prend le dessus. Il est d'accord. On a tous les deux aimé s'accorder du temps rien que pour nous, l'un contre l'autre, à sentir nos peaux se toucher sans parler. La prochaine fois en revanche, on accentuera l'aspect érotique. Mais rien ne presse.

Climax Premium, 69 euros pour 32 épisodes